Avec un premier et dernier album sorti en 1996, je ne crois pas exagérer en affirmant que ACACIA revient de loin. La dernière fois que le groupe italien enregistrait quelque chose, le monde découvrait La Macarena. De quoi vous donner instantanément un coup de vieux.
Et pourtant après 24 ans de hiatus, les transalpins ont décidé de s’extraire du formol pour un come-back totalement improbable.
Autant être honnête, je n’avais jamais entendu parler d’eux avant leur sollicitation pour cette chronique. Leur histoire rocambolesque du groupe de prog disparu pendant plus de deux décennies m’a cependant interpellé et je dois bien dire que je n’ai aucun regret.
A l’écoute de cet excellent « Resurrection » on n’a qu’une pensée à l’esprit : quel dommage !
Quel dommage que le groupe n’ai pas persévéré à l’époque, car c’est peu dire qu’il est pétri de talent.
Leur talent de composition est phénoménal et témoigne de leur maturité. Ces gars ne sont pas des petits jeunes et cela s’entend. Équilibre, cohérence, diversité, rythme… les italiens évitent soigneusement tous les écueils comme de vieux briscards.
Sauf que ce type de profil a généralement 10 ou 15 albums sous le pied et peine à se renouveler, ou simplement à retrouver la flamme. ACACIA parvient lui à nous replonger dans le prog à l’ancienne tout en gardant une grande fraîcheur.
C’est bien de ça qu’il s’agit : un prog léché et élégant, dans la droite lignée de ce que FATES WARNING a pu produire à partir du début des années 90 ou des premiers QUEENSYCHE.
On trouve d’ailleurs des faux airs de Geoff Tate chez Gandolfo Ferro dont les envolées font mouche à chaque fois. Difficile de nier l’immense talent du chanteur, à l’aise dans tous les registres, qui porte l’album à bout de bras avec une facilité déconcertante.
Mais avoir un bon chanteur ne suffit pas, encore faut-il le mettre en valeur.
C’est chose faite avec des compos toutes plus efficaces les unes que les autres.
Le groupe varie le propos et démontre qu’il a de nombreuses cordes à son arc. Du morceau purement prog comme My Dark Side ou Chains Of Memory au morceau à ambiance The Age Of Glory en passant par la power ballad (l’excellent Seasons End), ils réussissent à peu près tout ce qu’ils entreprennent et je suis bien embêté pour trouver un morceau vraiment faible. Peut-être Gone Away, qui conclue l’album, mais c’est une faiblesse relative tant il reste bien construit.
Les transaplins possèdent également une qualité rare chez les groupes de prog : la capacité à écrire des tubes. Quand des groupes brillants n’y sont jamais arrivé (mes nuits sont encore hantées par l’immonde I Walk Beside You de DREAM THEATER), ACACIA se paie le luxe d’en pondre deux avec Lights In Shadow et Revelation Day. A la fois complexes et diablement efficaces, ils finissent de nous convaincre que le groupe a quelque chose de spécial.
Pas besoin d’en faire des caisses, pas besoin de réinventer la roue. Pour faire du prog de qualité, de bonnes compos remarquablement interprétées suffisent amplement. Et ça, les italiens l’ont bien compris.
Avec cet album combinant modernité et charme vintage, ils signent en tout cas un retour très remarqué !
TRACKLIST
1. Obsession
2. Light In Shadows
3. Chains Of Memory
4. The Age Of Glory
5. Alone
6. Revelation Day
7. My Dark Side
8. Seasons End
9. Gone Away
10. The Man