Dire que j’attendais cette soirée avec impatience est un doux euphémisme. Malgré mon amour inconditionnel pour le groupe depuis maintenant près de 10 ans, je ne les avais jamais vu en live.
Holy Hell ayant en plus fini en bonne place dans mon top 2018, je n’avais qu’une hâte : découvrir ces nouveaux titres avec l’énergie de la scène. Le son pro et carré de l’Olympia étant un petit bonus très appréciable !
Rendez-vous donc à 20H pour l’ouverture des portes et le début, déjà, du set de POLARIS. N’ayant assisté qu’à la moitié de leur set je ne serai pas trop sévère, mais on sent déjà que ce ne sera pas le climax de la soirée. Leur metalcore, sympathique sur album, semble très générique en live malgré un chant clair en place et un son massif. Un léger sous mixage de la lead guitare se fait entendre mais rien de méchant et un surtout un problème que nous ne retrouverons pas le reste de la soirée.
Je pense que personne ne gardera un souvenir ému de leur prestation, mais les premiers moshs et circle pits de la soirée laissent penser que leur job de chauffeur de salle a été rempli correctement.
Première pause en attendant BEARTOOTH, pour un set diamétralement opposé au précédent.
Si sur album le groupe m’a toujours franchement gonflé, je serais de mauvaise foi en crachant sur leur prestation. C’est carré, pro, bien foutu mais surtout : diablement énergique. Si tous les clichés du chauffeur de salle y passent, du « make some noise » générique au « jump ! jump ! jump ! » vu et revu, le pit sera malgré tout assez vite en fusion, la température ne redescendant jamais. Vu l’emballement général, il semble clair que le groupe bénéficie d’ores et déjà d’un socle de fans conséquent et dévoué dans l’hexagone.
© Jessica Saval
Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas des fans du combo, le concert sera néanmoins plaisant, notamment lors d’une deuxième partie plus mélodique. Car d’une manière générale, cette facette du groupe est bien plus convaincante que ses titres plus bourrins qui manquent cruellement de personnalité.
On retiendra les très bons « In Between » et ses sing along toujours efficaces, et surtout « Manipulation » doté d’un refrain hyper communicatif.
Si ce n’était pas le concert du siècle, cela aura au moins eu le mérite de me faire voir sous un jour nouveau, et globalement positif, un groupe que j’estimais jusque là indigne d’intérêt.
Seule ombre au tableau, un nouveau solo de batterie totalement sans intérêt. Globalement, l’exercice devrait être banni tant écouter un mec blaster ses fûts pendant 5 min n’a aucun intérêt, en plus d’être d’une banalité confondante.
Mais trêve de plaisanteries, c’est enfin l’heure du plat de résistance !
Après des balances franchement interminables, les rois du genre s’apprêtent à montrer aux petits jeunots aux dents longues ce qui les séparent des plus grands.
N’ayant encore jamais vu ARCHITECTS sur scène je ne peux comparer, mais le néophyte que je suis a tout de même l’intime conviction qu’il a assisté à un grand concert.
Dès les premières notes de « Death Is Not Defeat » je me retrouve submergé par tout ce que j’aime chez le groupe : sa musicalité sans pareil, son émotion à fleur de peau, sa maîtrise technique insolente, sa totale et absolue sincérité.
Le groupe n’a d’ailleurs pas besoin d’en faire des tonnes. Peu de déplacement, peu de jeu de scène : la musique, rien que la musique.
L’animation scénique est laissée à l’écran et aux lumières créant une ambiance tantôt tamisée et intimiste, tantôt rageuse et épileptique.
© Jessica Saval
Pour le reste, la musique se charge de faire décoller tout le monde.
La setlist est très axée sur les titres les plus récents du groupe. La majorité sont issus de All Our Gods Have Abandoned Us et Holy Hell, avec pas moins de 13 titres sur 17, dont les excellents « A Match Made In Heaven », « Royal Beggars » ou « Downfall ».
Au rayon vieilleries, seuls quelques morceaux de Lost Forever // Lost Together sont présents, dont l’incroyable « Naysayer » à la puissance décuplée en live. On retrouve aussi avec plaisir « These Colours Don’t Run » qui embarque la foule.
Pour le reste, le groupe assume à plein son évolution stylistique faite de mélodies prenante et d’émotion palpable.
Les nouveaux titres passent avec brio l’épreuve de la scène et même les plus faibles trouvent un second souffle, au premier rang desquels « A Wasted Hymn » qui m’a mis une immense claque.
© Jessica Saval
Rien à jeter finalement dans cette setlist qui fait monter l’intensité petit à petit, pour un finish grandiose avec « Gone With The Wind » sur laquelle plane l’ombre de Tom Searle. L’intensité est maximale, et la voix de Sam Carter, déchirante, n’est pas loin de nous arracher des larmes.
Une constante d’ailleurs lors de cette soirée où le frontman aura joué une partition proche de la perfection, bien soutenu par un groupe absolument irréprochable.
On soulignera de plus la classe du bonhomme, jamais avare de félicitations et remerciements qui ne sonnent ni faux ni fabriqués. L’homme est touchant de sincérité, et ça se ressent dans la relation entretenue avec le public. Celui-ci ne s’y est d’ailleurs pas trompé en acclamant avec ferveur le groupe à chaque occasion.
C’est parce qu’elle est aussi une expérience humaine que la musique live est à part.
Ce qu’on perd en confort d’écoute, on le gagne au centuple en émotion quand les astres s’alignent.
Et c’est peu dire qu’à l’Olympia, ils l’étaient.
ARCHITECTS nous a donné tout à la fois une leçon de musique, d’émotion, d’humilité et de sincérité. Des concerts de cette trempe, on en voit peu, c’est ce qui les rend si spéciaux.
© Jessica Saval