C’est l’histoire d’un néerlandais du nom d’Arjen Anthony Lucassen qui, lorsqu’il était enfant, adorait le rock progressif, la pop et le heavy metal…
DEEP PURPLE, LES BEATLES, LED ZEPPELIN et PINK FLOYD n’avaient aucun secret pour lui, au même titre qu’ALICE COOPER ou RAINBOW un peu plus tard, et bien d’autres pointures musicales qui l’influenceraient immensément en grandissant.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le petit Arjen se passionnait aussi pour les films et les séries de science-fiction qui passaient à la télé à cette époque, comme, par exemple, les mythiques séries Star Trek: Next Generation, ou encore Doctor Who? (important pour la suite…!).
Quarante ans et trente albums plus tard, il paraissait tout naturel que le désormais très grand Arjen Lucassen entame la production de son tout premier film musical !
Oui… Mais…
C’était sans compter les moult péripéties que l’an de grâce 2020 nous réservait, et, par souci de logistique, le film s’est donc changé en classique double album… Un mal pour un bien ?
Ainsi, notre auteur-compositeur-multi-instrumentiste nous présente « Transitus », le neuvième AYREON. Pour rappel, AYREON est son projet-phare de heavy metal / rock / folk / prog’ débuté en 1995, et qui a la particularité – parmi tant d’autres, de raconter des histoires plus ou moins imprégnées de science-fiction par le biais d’illustres vocalistes : Russell Allen, Bruce Dickinson, Floor Jansen, Devin Townsend… ne sont que quelques uns des grands noms ayant prêté leur voix.
Ici, pourtant, nous sommes bien loin de la science-fiction adorée d’Arjen, puisque nous est conté l’histoire de deux jeunes gens à l’époque victorienne que tout oppose, et qui tombent instantanément amoureux. Dès lors, cette union semble tout transcender, sur Terre… et au-delà !
Nous avons eu la chance d’échanger à nouveau avec notre one and only « Mr. L » afin de décortiquer toute cette affaire, et plus encore…
Tu as affirmé que la production de « Transitus » avait duré 3 ans. Cela veut-il dire que tu as commencé à y travailler dès la sortie de « The Source » (lire notre chronique) ?
Arjen – C’est à peu près ça. J’ai commencé à m’y pencher en 2017, mais entre-temps, j’ai organisé les concerts aux Pays-Bas, sorti les DVD live et remixé « Into The Electric Castle » (1998)…
Initialement, « Transitus » devait être un film à part entière, un peu dans le style de Jesus Christ Superstar. J’aurais pu partir sur un film de science-fiction, mais ça coûte beaucoup trop cher ! L’idée du film d’épouvante m’a permis de voir moins gros. J’ai toujours adoré ce genre, et ce depuis que j’ai vu L’Exorciste et La Malédiction, quand j’étais tout jeune.
Hélas, la pandémie en a décidé autrement !
En effet. J’ai compris que ce n’était pas le bon moment pour mener à bien ce projet… En plus de cela, je n’aurais pas trouvé d’investisseurs, car les temps sont durs ! Je me suis donc tourné vers le label pour leur montrer ce que j’avais fait. Ils m’ont dit que si ça ne tenait qu’à eux, ils en feraient un album d’AYREON… J’ai donc apporté quelques modifications à mon travail en me faisant à l’idée qu’il s’agirait du successeur de « The Source », ce qui n’était pas le cas au départ.
À quel point l’album diffère-t-il de ce qui devait être la bande-son du film ?
Il n’y a pas grand-chose qui change. J’y ai ajouté quelques passages instrumentaux qui n’auraient pas collé au format film. Il aurait été insensé, par exemple, de mettre un solo de 5 minutes en plein milieu d’une scène ! (Rires)
À quel stade de production en étais-tu arrivé ?
J’étais assez avancé dans le processus. J’ai fait appel à Dick Maas, un réalisateur néerlandais que j’adore car il ose sortir des sentiers battus. Il m’a expliqué comment m’y prendre pour faire un film et pour le faire financer. Par la suite, j’ai contacté des agences de production, j’ai eu quelques meetings… Maintenant, je dois encore trouver mon producteur et peaufiner l’ensemble. J’ai bon espoir qu’il aboutisse après cette crise !
Pour la première fois, un « comics » est sorti afin d’accompagner l’album et, j’imagine, pallier à l’absence du film. Reprend-il la même structure que ce dernier ?
Oui, ça suit à peu près le même plan. Après, si le réalisateur a envie de s’en éloigner un peu, ça me va, pourvu que le film sorte un jour ! (Rires) Je pense qu’il devra changer quelques détails de toute façon. Réaliser des films n’est pas mon métier, donc j’aime autant laisser faire les pros.
Avais-tu engagé des acteurs, ou bien les chanteurs auraient interprété leur propre rôle ?
J’ai justement choisi les chanteurs dans l’objectif de les faire apparaître dans le film. Cette fois, il n’y avait pas que la voix qui entrait dans mes critères de sélection, mais aussi l’apparence, le charisme… Il était important qu’ils ressemblent à leur personnage. Si le réalisateur est partant, les chanteurs reprendront donc leurs rôles à la façon des clips de leurs groupes respectifs, et il n’y aura pas de dialogues.
C’est la première fois qu’un album d’AYREON se concentre sur une histoire romantique. Quelle en est la raison ?
Je ne saurais pas l’expliquer… Je savais juste qu’il s’agirait d’une histoire de fantômes qui se déroulerait au XIXe siècle. Par la suite, j’ai pensé à cette histoire d’amour entre le fils d’un homme riche et une domestique, ce qui était très mal vu à l’époque…
L’ère Victorienne apporte toujours quelque chose de mystérieux : quand on y pense, beaucoup de films d’horreur se déroulent à cette époque !
Cette ambiance se voit renforcée par des chœurs inquisiteurs qui donnent les frissons, voire même les larmes aux yeux…
J’ai moi-même versé une petite larme en les entendant pour la première fois ! Le tout petit passage où les filles chantent « In Lacrimis » m’a complètement pris par surprise, et c’est là que les larmes ont coulé ! (Rires) On croirait presque entendre des sorcières… Je souhaitais que les chœurs rappellent l’ambiance très austère d’un film comme La Malédiction. Noa Gruman, en charge des chœurs, a auditionné de nombreux chanteurs pour composer ce chœur très grégorien. Elle a vraiment compris là où je voulais en venir. En plus, il y avait pas mal de fans d’AYREON parmi les chanteurs, ce qui a contribué au résultat final. Certains portaient même le t-shirt le jour de l’enregistrement ! (Rires)
>> Voir les coulisses de l’enregistrement des chœurs <<
De nouvelles voix rejoignent la grande famille AYREON, comme celles de Cammie Gilbert (chanteuse d’OCEANS OF SLUMBER dans le rôle d’Abby) et Paul Manzi (dans le rôle du frère de Daniel). Comment les as-tu découverts ?
Paul et moi nous étions déjà rencontrés en Angleterre, lorsque j’ai remporté un « Prog Award » il y a quelques années. Je savais que c’était le chanteur d’ARENA à l’époque. J’ai toujours adoré sa voix, mais je n’avais pas encore trouvé de rôle adéquat pour lui avant celui d’Henry, le frère de Daniel (interprété par Tommy Karevik de KAMELOT, ndlr).
Pour Cammie, c’était une toute autre histoire : à l’origine, le rôle principal aux côtés de Tommy était attribué à Simone Simons (EPICA). Toutefois, en tombant sur un titre d’OCEANS OF SLUMBER dans un sampler de magazine, j’ai été bluffé par la voix ! J’ai par la suite découvert que Cammie était afro-américaine. Le film devait s’intituler « Two Worlds », donc deux mondes : les riches et les pauvres, les morts et les vivants, mais aussi les Blancs et les Noirs.
Cammie correspondait parfaitement au rôle. Je lui ai donc écrit pour lui parler de l’histoire, du fait que Simone devait à l’origine interpréter le rôle de la domestique, mais que l’histoire n’en serait que plus intéressante si elle acceptait de donner sa voix au personnage d’Abby. Par chance, elle me connaissait, et c’est même une fan, ce qui facilite souvent la tâche pour convaincre les gens ! (Rires) Elle a adoré le concept, et c’est là que j’ai réadapté l’histoire. Je n’ai jamais un plan clair de ce que le produit final va être. Je procède toujours petit à petit, et j’adapte en fonction des chanteurs que j’arrive à engager…
Cammie Gilbert dans le rôle d’Abby (photo : Lori Linstruth)
Cammie était visiblement ravie et honorée. Elle est venue du Texas en compagnie de son petit ami Dobber, qui est le batteur d’OCEANS OF SLUMBER. Il connait tous mes albums, et quand on s’est rencontrés, il me posait plein de questions, il était curieux et fasciné de tout ! (Rires) Ils sont adorables tous les deux, et Cammie mérite une plus grande reconnaissance. Elle a énormément de talent et de charisme, et je suis persuadé qu’elle aura beaucoup de succès un jour !
Suite à quoi, il a fallu trouver un rôle pour Simone ! (Rires) C’est comme ça que les passages dans le Transitus ont été créés ainsi que son personnage, l’Ange de la Mort…
D’ailleurs, sa performance très théâtrale nous fait découvrir une facette méconnue de son chant. Ajouté à cela, ses apparitions sont souvent ponctuées d’un thème très jazzy qui tranche avec la musique sombre et morne à laquelle on aurait pu s’attendre pour mettre en scène l’Ange de la Mort !
Exactement ! Pour moi, l’histoire avait besoin d’une touche de légèreté. Elle est déjà très sombre de base, et ce, dès l’introduction, avec la mort de Daniel dans l’incendie… C’est pourquoi Tom Baker, le Narrateur, prévient au début que « les âmes sensibles doivent s’abstenir » !
Simone a toujours ce regard malicieux et cette habitude de faire des blagues, parfois même des blagues salaces… Elle me fait beaucoup rire, avec son sourire en coin ! Dans les albums d’EPICA, cet aspect-là ne ressort pas du tout, car leur style n’encourage pas cette pointe d’humour. C’est pourquoi j’ai songé à me concentrer sur cette facette de sa personnalité. Et je pense qu’elle s’est beaucoup amusée lors des enregistrements ! En plus, elle a tout de suite accepté de revenir en Hollande pour tourner le clip de This Human Equation… Je n’ai même pas eu besoin de la convaincre ! (Rires)
Pour la première fois en vingt-deux ans, Ed Warby, le seul membre qu’on pourrait qualifier de « permanent », n’a pas pris part à un album d’AYREON. C’est Juan van Emmerloot qui s’occupe des parties de batterie à sa place. Dirais-tu que son jeu a influencé tes compos’, notamment les fameuses parties jazzy ?
Tout à fait ! Mon dernier album « The Source » était un album plutôt froid. Je l’adore toujours autant, mais pour « Transitus », je souhaitais quelque chose de plus chaleureux, sans compter que du gros son metal n’allait pas forcément convenir à un film ! (Rires) Et bien sûr, je visais une certaine diversité de styles. C’est pourquoi j’ai recherché un batteur qui soit à l’aise autant dans le style rock que jazz. Si je n’étais pas parti sur l’idée de film et que ça avait été un album d’AYREON dès le début, j’aurais tout de suite fait appel à Ed. Ce gars est une vraie machine !
Juan et moi avons enregistré une démo il y a trente-cinq ans de cela. C’était vraiment la star que tout le monde s’arrachait à l’époque. J’ai vu ses récentes vidéos sur Youtube, et il s’est encore amélioré.
Je me suis rendu à son studio, et on a fait quelque chose que je ne fais jamais : on a bossé sur les morceaux ensemble ! Je n’en étais alors qu’au stade des démos, et c’est lui qui a suggéré de mettre du jazz ici et là. Il pensait que je ne serais pas emballé, mais je lui ai garanti qu’il pouvait y aller et se faire plaisir ! (Rires) C’est le cas par exemple sur Message From Beyond.
Tu es également parvenu à embaucher les stars que sont Dee Snider (TWISTED SISTER), Joe Satriani et Marty Friedman (ex-MEGADETH). Comment cela s’est fait ?
C’est toujours un casse-tête d’avoir des gens qui ne me connaissent pas du tout. C’est même très pénible, parce que je dois constamment insister et relancer… Mais si ça fonctionne, ça en vaut la peine ! La plupart des grandes stars ne me connaissent pas et se demandent bien qui je peux bien être… (Rires) Je sais que c’est dur d’attirer de tels monstres, mais j’y tenais vraiment, surtout pour Dee Snider, car il interprète le père de Daniel, et il n’est là que sur un morceau et doit faire une forte impression, surtout dans le film.
Pour ce rôle, en plus de Dee Snider, j’avais aussi en tête Alice Cooper, Jack Black, Rob Halford… Je les ai tous contactés ! Pour y parvenir, je sollicite un certain nombre de personnes, dont les labels, les journalistes, les artistes… Pour Dee Snider, j’ai pu le contacter via Tobias Sammet, car il a participé à AVANTASIA. Dee a adoré le morceau ! À compter de ce moment, on a négocié le tarif avec le manager. Généralement, cette étape peut durer des mois ! Puis on a fixé les détails, on a établi le lieu d’enregistrement… Après lui avoir donné quelques instructions, il s’est donc enregistré à New York avant de m’envoyer le résultat.
Avec Joe Satriani, c’était complètement différent. Il a remporté un prix aux Pays-Bas, et le gérant de l’événement avait le numéro de son manager. Ce dernier m’a avoué que Joe était extrêmement sollicité, et qu’il faisait très peu d’apparitions en tant que guest… Trois jours plus tard, je reçois un mail d’un certain Joseph : c’était Joe Satriani ! Il m’a dit qu’il avait adoré le morceau. Il a enregistré son solo de manière très spontanée et me l’a tout de suite envoyé ! (Rires) Je lui ai demandé combien ça coûterait, et il m’a dit : « Rien, c’est cadeau ! » (Rires) C’est vraiment quelqu’un de super.
En parlant d’Alice Cooper : à l’écoute de Get Out! Now! j’ai tout de suite songé à quel point ce titre était taillé pour lui !
Ça fait vingt-cinq ans que je lui propose de participer à AYREON. Une fois, j’étais à deux doigts d’y arriver, mais c’est à ce moment que son manager est malheureusement décédé…
Pour « Transitus », j’y étais presque aussi, mais il semblerait que les négociations ne se soient pas très bien déroulées. C’est quasiment impossible d’avoir ce genre de pointure, d’autant plus qu’aujourd’hui, il connait un succès encore plus grand aux côtés de Johnny Depp avec THE HOLLYWOOD VAMPIRES.
Ceci étant dit, j’ai beau être un fan invétéré d’Alice Cooper, je pense sincèrement qu’il n’aurait pas interprété le morceau avec autant de puissance que Dee Snider ! De nombreux chanteurs perdent pas mal de leur puissance après 50 ans, mais lui en a 65… Je me demande comment il fait ! (Rires) Au final, tout était pour le mieux.
Il n’empêche que ça aurait été dingue de réussir à avoir Jack Black !
Ça aurait été vraiment cool, oui ! D’ailleurs, j’ai bien eu un retour de son management, mais ils m’ont dit qu’il était beaucoup trop occupé…
Et pour Rob Halford, la manager n’a même pas voulu lui faire écouter le morceau. Tu sais, j’ai grandi en écoutant Alice Cooper, JUDAS PRIEST. C’était vraiment mes idoles. En revanche, je n’ai jamais trop écouté TWISTED SISTER, donc ça ne représente pas la même chose pour moi.
Mais encore une fois, je pense que je n’aurais pas pu trouver mieux !
Tom Baker
Une autre grande star a rejoint le cast en la personne de Tom Baker, alias le Docteur de la série britannique Doctor Who, qu’il a incarné dans les années 1970 et 1980. Dans « Transitus », il joue le Narrateur. Est-ce le fait d’avoir travaillé avec l’acteur américain John De Lancie (Q dans Star Trek : The Next Generation) lors de tes concerts en 2019 qui t’a motivé à solliciter par la suite Tom Baker ?
En fait, une fois que tu arrives à avoir un de tes acteurs favoris d’une série ou d’un film que tu as adoré étant jeune, ça devient addictif… Donc oui, c’est exactement ça. Tout a commencé avec Rutger Hauer sur « Lost In The New Real » (2012), mon album solo. C’était un rêve qui se réalisait ! Il était déjà très populaire dans les années 1960 aux Pays-Bas et bien sûr, après être apparu dans « Blade Runner »… J’ai encore du mal à croire que je me faisais des Skype avec lui pendant deux semaines ! (Rires)
John De Lancie représente l’une de mes meilleures collaborations. C’est quelqu’un de vraiment adorable, et il m’écrit encore de temps en temps. Je suis un fan absolu de The Next Generation et de son personnage Q. Le simple fait d’avoir passé toute une semaine avec lui était incroyable. Forcément, après, tu en redemandes ! (Rires)
Une de mes séries fétiches reste Doctor Who que je regardais dans les années 1970, quand j’étais petit. Et comme mon Docteur préféré reste Tom Baker, je me suis demandé s’il exerçait toujours, et s’il serait partant.
Tout comme avec Dee Snider, j’ai contacté de nombreux acteurs au cas où je ne parviendrais pas à avoir Tom Baker. Mais après des négociations avec son agence de doublage, il a pu écouter ma musique, et il a trouvé ça génial. Tom s’est tout de suite identifié au Narrateur, comparable à un grand-père qui raconterait une histoire de peur à son petit-fils…
Je me suis rendu en Angleterre pour enregistrer sa voix, et une fois de plus, c’était une expérience hors du commun que de rencontrer un héros de jeunesse qui s’avère être quelqu’un de bien. On ne sait jamais comment ils sont avant de les rencontrer. J’ai parfois eu des déceptions par le passé… C’est comme si une partie de ton enfance mourait ! (Rires)
As-tu parlé de la série avec lui ?
Je n’ai pas osé ! Ça m’a traversé l’esprit, et puis je me suis dit que j’aurais été le 5000e à le harceler avec ça… (Rires) Ceci dit, il avait suffisamment d’anecdotes à raconter… Et quand il commence, il ne s’arrête plus !
« The Source » devait au départ être le troisième album de STAR ONE, et on sait que « Transitus » devait également ne pas faire partie de la série des AYREON. As-tu déjà songé à ne plus poursuivre le projet ?
Pas du tout ! AYREON est mon bébé, c’est toute ma vie. J’ai la possibilité de mettre toute ma créativité au service de ce projet, et je continuerai jusqu’à mon dernier soupir ! (Rires) La raison pour laquelle je me lance dans d’autres projets, c’est pour me concentrer sur un style en particulier. THE GENTLE STORM m’a permis de creuser un aspect plus folk et classique. STAR ONE me permet d’accentuer mes influences metal. Il n’y aurait pas de section « bluesy » sur du STAR ONE, par exemple. Donc si je me lance dans ces sonorités-là, les gens se demanderaient pourquoi je n’appelle pas ça AYREON… (Rires) Et avec AMBEON, j’ai utilisé un maximum de sons électroniques.
J’ai commencé à composer des morceaux assez heavy pour « The Source », et puis des titres atmosphériques tels que The Dream Dissolves me sont venus… Finalement, l’album était trop éclectique pour devenir le prochain STAR ONE. Mais avec AYREON, mon délire n’a aucune limite, et rien n’est impossible ! Tout peut convenir, comme les fameuses parties jazz que tu évoquais.
Tu as insinué qu’un troisième album de STAR ONE (STAR THREE ?!) verrait néanmoins le jour. Qu’est-ce que tu peux révéler à ce sujet ?
Comme je le dis souvent, chaque album est une réaction au précédent : « Transitus » n’est pas un album de heavy metal. C’est davantage une comédie musicale, centrée sur les voix, les mélodies et des thèmes récurrents. C’est pourquoi, en réaction à cela, il serait idéal de se lancer dans un album de heavy où, de fait, les riffs de guitares seraient bien mis en avant. J’attends juste que l’inspiration me vienne, mais à chaque fois que je prends ma guitare et que je tente quelque chose, c’est mauvais… (Rires).
Damian Wilson, Floor Jansen (NIGHTWISH), Dan Swano et Russell Allen (SYMPHONY X) seraient-ils toujours de la partie ?
Si je devais sortir un autre STAR ONE avec ce lineup, j’aurais du mal à faire quelque chose de nouveau. Mais j’ai quand même envie de les impliquer d’une manière ou d’une autre. L’idée serait de les avoir tous les quatre sur un titre, puis faire comme sur « The Universal Migrator » (2000), avec des chanteurs différents pour chaque morceau. Je n’ai vraiment pas envie de me répéter… Tu sais, j’ai récemment fêté mes 60 ans, et je fais de la musique depuis 45 ans. Ca devient difficile d’innover.
Mais peut-être que je dis n’importe quoi et que dans quelques années, quand on parlera de STAR THREE, on se retrouvera avec quelque chose de complètement différent…!