INTRODUCTION…
Pour beaucoup, le DOWNLOAD FESTIVAL, situé à 25 kilomètres de Paris, représente un prémisse au HELLFEST, qui se déroule le week-end suivant : leurs affiches reviennent indéniablement sur les mêmes styles, les mêmes groupes (apparaissent dans les deux lineup DEAD CROSS, le projet punk hardcore de Mike Patton et Dave Lombardo, ou encore Marilyn Manson) et auront ainsi tendance à réunir les mêmes fans, du moins, ceux qui auront l’énergie et le temps suffisants pour enchaîner les deux !
Et effectivement, sur certains points, l’événement n’a pas à rougir de son « confrère » clissonnais : cette année, c’est Ozzy Osbourne, GUNS’N’ROSES, GHOST et Jonathan Davis (pour ne citer qu’eux) qui ont pris position sur les Main Stages. Le fait que le festival soit très proche de la Capitale constitue en outre un avantage pour certains festivaliers. Arrivés à la gare de Brétigny (desservie par le RER C), les nombreux « t-shirts noirs » sont réceptionnés par de sympathiques membres du staff leur indiquant la navette gratuite à emprunter afin de se rendre sur le site (il faudra quand même y rajouter une vingtaine de minutes de marche pour atteindre l’entrée principale).
En dépit de ce départ prometteur, ce sera hélas l’une des rares fois où nous aurons l’agréable impression que le festival est une machine bien huilée au service de ses visiteurs. L’organisation relative du DOWNLOAD et leur manque d’égard vis à vis des festivaliers ont effectivement beaucoup fait parler d’eux par le passé, et nous pouvons désormais en attester… À plusieurs reprises, les différents services auxquels nous avons eu affaire, malgré la patience et l’amabilité d’une grande majorité, n’étaient pas en mesure de nous renseigner, à commencer par l’accès au camping à pieds, qui nous a tout simplement pris une heure et demi ! En un mot, pour y accéder, la presse devait entrer par l’entrée dite « technique », non desservie par la navette, et qui se trouve à l’opposé de l’entrée principale…
On notera de plus un accès mal indiqué pour les voitures, une suppression du camping et du parking dédiés à la presse, des stands de restauration, certes variés et délicieux, mais très chers et peu copieux (sur cet aspect, on pourra en dire autant sur le HELLFEST ainsi que d’autres manifestations), un minimum de 7 € à régler pour les bières les plus modestes, ou encore des casiers facturés 10 € par jour (+ 10 € de caution).
Par dessus le marché, nous avons appris que deux festivaliers, dont un confrère (qui a souhaité rester anonyme), ont été victimes d’agressions de la part d’agents de sécurité employés par des sociétés indépendantes, et ce dès le jeudi soir, au camping… À ce jour, ces deux personnes ont porté plainte, et on espère de tout cœur que l’organisation saura prendre les mesures nécessaires afin que cela ne se produise plus au sein de leur événement.
Poursuivons néanmoins sur une note plus positive, car le DOWNLOAD possède sans conteste ses arguments pour plaire aux fans !
Au bout de très peu de temps, on constate que la navigation sur le site est plutôt facile (les différents spots sont indiqués par des tours visibles de loin), et le fait que les distances entre deux endroits soient plus réduites que pour de plus gros festivals se ressent en fin de journée.
Ainsi, nous avons mentionné plus tôt les stands de nourriture, et c’est effectivement un large choix qui nous est proposé. Mention spéciale au stand de cuisine créole, que nous avons pu tester entre deux concerts !
Du côté de la décoration, bien qu’elle soit minimaliste, elle est en lien direct avec le lieu, à savoir, la base aérienne 217 de Brétigny, puisqu’on peut admirer une poignée d’avions exposés sur le site : les connaisseurs auront identifié le « Fokker Dr.I » (de l’aviateur allemand Manfred von Richthofen, dit « Le Baron Rouge », à voir ci-dessus !), datant de la Première Guerre mondiale. On espère que tous les fonds récoltés cette année serviront notamment à développer le cadre et l’esthétique de la prochaine édition.
C’est avec surprise que, lors d’un trajet d’une scène à l’autre, nous découvrons un grand box entièrement consacré aux jeux d’arcade, permettant aux festivaliers nostalgiques de s’installer à l’ombre et de profiter d’un tout autre divertissement entre deux shows !
Enfin, la grande tente VIP, réservée aux invités et à la presse, aurait mérité un toit opaque, et non pas transparent, avec ce soleil de plomb. Néanmoins, les espaces de détente, majoritairement constitués de petits salons en palettes, offrent un cadre confortable. On n’oubliera pas de mentionner la mise à disposition d’eau, de café et de fruits frais à volonté dans l’espace presse, ainsi que des casiers gratuits pour les photographes (durant la journée seulement).
En tout et pour tout, un gros point positif prédomine : les concerts ! La ponctualité a été appréciable, et le lineup extrêmement varié aura contenté les plus ouverts d’esprit d’entre nous…
Place aux reports !
VENDREDI 15 JUIN, JOUR 1
CELLAR DARLING, Spitfire Stage, 15h25 – 15h55
Le trio suisse démontre un engouement certain face une petite foule déjà dense et en plein cagnard. Le public n’a d’yeux que pour la fantastique Anna Murphy, qui s’exprimera momentanément en français pour nous. Ses admirateurs l’encourageront du début jusqu’à la fin : il faut dire que la voix puissante et limpide de la chanteuse ainsi que les compos’ folk modernes du combo saupoudrées de notes de vielle à roue font preuve d’une efficacité certaine. On reprochera cependant une qualité de son moyenne, propre à la minuscule Spitfire, et un set beaucoup trop court ! Il y a fort à parier que les performances de CELLAR DARLING relativement intimistes (à l’instar des concerts solo d’Anna), s’apprécieront donc bien plus en salle.
Anna Murphy
ELUVEITIE, Main Stage 2, 16h35 – 17h15
Le « groupe-mère » de CELLAR DARLING est également présent au DOWNLOAD, mais du fait de leur notoriété, ils profitent quant à eux de la Main Stage 2, parés de leurs instruments rock et folklo. Le prodige Chrigel Glanzmann et ses huit musiciens proposeront une excellente setlist aux morceaux résolument rentre-dedans, et finalement peu d’extraits du dernier album « Evocation II – Pantheon » (2017). Malgré leur légendaire impassibilité, les membres prennent un vrai plaisir à jouer. On sent désormais une cohésion indéniable de la part de ce lineup à 50% renouvelé en 2016. Fabienne Erni, remplaçante d’Anna Murphy au chant, n’a rien à envier à cette dernière, et aura tout le loisir d’exploiter son talent en solo. ELUVEITIE termine en grandes pompes avec le célébrissime Inis Mona, finissant de faire sautiller le public.
Fabienne Erni
POWERWOLF, Main Stage, 17h15 – 18h05
Les pères de la « messe de heavy metal » n’ont pas changé leur formule depuis leur apparition aux festivals l’an dernier ! Nous avons ainsi droit aux mêmes interventions entre deux titres, à une setlist quasi-identique (regorgeant de tubes tous plus accrocheurs les uns que les autres, certes), aux habituels accoutrements et maquillages… Seule nouveauté : le titre Demons Are A Girl’s Bestfriend, extrait du prochain album à paraître. Une chose est certaine, les Allemands fournissent le maximum et nous font toujours chanter leurs airs et paroles sans efforts !
Attila Dorn
OPETH, Main Stage, 19h05 – 20h20
Clairement, OPETH n’est pas le groupe le plus expansif au monde… On pourrait affirmer sans risques qu’il possède ce flegme « scandinave », que nous avons d’ailleurs remarqué chez d’autres formations ce week-end. En revanche, leur jeu est en tous points optimal, et sans fioriture. Mikael Åkerfeldt impose toujours le respect, que ce soit au moyen de son chant de velours ou de ses grunts monumentaux qu’il semble produire de manière si naturelle et routinière. Lors d’une rare prise de parole, le chanteur s’exclamera qu’il faut être de vrais « salauds » pour jouer des morceaux aussi tristes et mélancoliques en cette magnifique journée ensoleillée ! Mais qu’importe, l’audience s’imprègne avec plaisir des compos’ complexes du groupe…
Mikael Åkerfeldt
GHOST, Main Stage 2, 20h25 – 21h40
S’il y a une formation qui avait marqué les esprits il y a deux ans, c’est bien GHOST ! Depuis, le lineup a entièrement changé (sauf notre chanteur, cela va de soi), un EP ainsi qu’un nouvel album sont sortis, et en position de leader, Papa Emeritus III s’en est allé pour laisser place au Cardinal Copia (ce qui consiste, donc, à un simple changement de tenue, pour ceux qui n’auraient pas suivi).
Bien que cette performance ne soit pas du niveau du HELLFEST 2016, où le groupe avait mis les moyens (chorale clissonnaise, pluie de faux billets pendant Mummy Dust, distribution de préservatifs, de vin rouge et d’hosties…), on ne peut nier la rigueur du set, avec un placement scénique de chaque membre réfléchi, une setlist débordant d’efficacité, un superbe backdrop illustré de vitraux élaborés…
Ceci étant dit, on déplore la disparition de tout mysticisme, celui qui faisait le charme de GHOST depuis ses débuts. Le contraste entre la musique très légère et leur apparence ironiquement sombre n’est plus si frappant. Le Pape, autrefois central, est devenu anecdotique, en plus d’être incarné par un tiers, et non plus par notre frontman : le dit « Papa Nihil » viendra se défouler sur le solo de saxophone de Miasma, titre que nous n’attendions pas, et qui passe d’ailleurs à merveille. Pendant la tournée américaine, Forge avait au moins pris la peine de revêtir l’accoutrement du Cardinal ; ici, nous n’y avons même pas droit. Les claviéristes se dandinent, les goules, dont le masque a été adapté au niveau de la bouche, sont mis à profit pour les chœurs, les interventions du leader sont moins nombreuses (et on peine plus que jamais à le comprendre, derrière son masque)…
Il faudra ainsi se faire à l’idée qu’avec le départ de tous les membres en 2016, c’est également la fascination qui s’envole. Heureusement, les nouveaux titres (Faith, Dance Macabre, Miasma…) semblent avoir déjà été adoptés, à en croire la foule enthousiaste, et les anciens tubes sont toujours mis à l’honneur (Cirice, Year Zero, Absolution, From The Pinnacle…).
Goules sans nom et le Cardinal Copia
A très vite pour le Jour 2 !
Photos :
Julien Zannoni pour Metal France
Béranger Bazin pour Emaginarock Webzine