DUST IN MIND fait partie de ces groupes qui, en plus de démontrer une productivité à toutes épreuves, se donne les moyens de ses ambitions… Au point d’aller grimper sur le monument le plus connu au monde pour un de ses clips !
Nous avons eu la chance d’échanger avec Jennifer Gervais (chant) lors de la journée promotionnelle du groupe à Paris pour la sortie de leur tout dernier album, « CTRL ».
En quoi ce quatrième album aurait-il été différent s’il n’y avait pas eu la pandémie ?
Jennifer – La sortie était prévue il y a un an. Ça a vraiment tardé mais au final, c’était un mal pour un bien : pendant la pandémie, j’ai été touchée par le syndrome de la page blanche. C’était la première fois que j’avais un tel blocage. Damien (guitares, chant) s’était proposé pour écrire les paroles, et il a d’ailleurs signé pour deux morceaux. Mais j’avais quand même envie de le faire moi-même. En un sens, cela nous a permis de prendre le temps, de faire des clips plus solides, de préparer la promo… On a tourné la situation en opportunité.
De plus, le côté émotionnel des compos’ aurait été moins intense, et la prise de risque vocale, moins importante. Avec ce temps de travail, l’album est tout simplement plus abouti.
Peux-tu expliquer le nom de l’album et son lien avec la touche du clavier à laquelle il fait référence ?
On ne se donne jamais un thème spécifique sur lequel construire. J’extériorise mes paroles, qui donnent un canevas et mènent au titre de l’album. La thématique qui s’en dégage, c’est ce côté émotionnel, passionné, torturé, très important chez moi. Je suis en constante recherche de ressenti, et à la fois, je peux me sentir enfermée, en décalage avec le monde parce que je ressens les choses trop fort… Le thème qui revenait, c’était le contrôle des émotions, que ce soit par la société ou par nous-mêmes. C’est la raison pour laquelle la chanson Lost Control m’est très précieuse.
J’ai aussi pensé aux nouvelles technologies, au fait qu’on se cache derrière un ordinateur, au contrôle de l’image. Pour moi, en appuyant sur cette touche « ctrl », on fait le choix de montrer – ou non, ce qu’on veut.
En quoi cela est-il lié à Sylvain, alias Freaky Hoody, central sur la pochette, et qui apparaît aussi dans votre clip Take Me Away ?
On a voulu faire un mix entre ce côté « contrôle » et le message « l’habit ne fait pas le moine ». Au départ, l’artwork était supposé ne montrer que la touche « ctrl ». Mais après le tournage, Sylvain, que l’on a découvert via les réseaux sociaux, nous a raconté son histoire, avec ces apparences qui peuvent être trompeuses… C’est justement un sujet qui compte beaucoup pour nous.
Dans ses vidéos, il raconte qu’un parent d’élève s’est plaint de son apparence. Quand il nous en a parlé avec ses mots à lui, ça nous a touché encore plus. Qu’importe les tatouages, l’orientation sexuelle, la religion… Tout cela ne devrait même pas rentrer en compte. Sylvain est quelqu’un de super sympa, et le fait qu’il finisse sur la pochette apparaissait donc comme une évidence. On savait que ça allait probablement perturber du monde, mais on s’était dit « Pas grave, on va le faire ! ».
Dans le morceau Synapses, on retrouve votre premier passage écrit en français. T’est-il venu naturellement ?
Oui, et c’était un projet qu’on avait depuis l’album précédent. On s’est rendu compte qu’il y a encore beaucoup de gens en tournée qui ne savent pas d’où on vient. Preuve du manque de communication des médias dans notre pays… (Rires) On avait envie de montrer qu’on était français, et quand Damien a composé Synapses, le passage « valse » un peu dansant m’a paru idéal pour y apposer du chant en français.
D’ailleurs, c’est pour ce titre que vous êtes parvenus à tourner un clip sur la Tour Eiffel, rien de moins ! Comment cela a-t-il été possible ?
Même nous, on ne comprend pas ! (Rires) On a réfléchi à un monument qui révélerait notre nationalité, et on s’est dit qu’on irait à fond dans le concept. On avait vu que PNL avait fait un clip sur la Tour Eiffel, donc on savait que c’était possible. J’ai simplement envoyé un très long mail décrivant le projet et expliquant l’image qu’on voulait montrer de la France. Trois heures après, j’ai reçu un coup de fil nous confirmant un créneau la semaine suivante. En revanche, on nous a dit « vous avez une heure, la montée et la descente incluses » !
Ils nous ont demandé quel était notre budget, on leur a expliqué que nous étions une association, et qu’on n’avait pas d’argent… (Rires) Mon interlocutrice était super sympa. On a dû payer des petits frais de tournage, mais ils étaient dérisoires !
On a couru, mais on était très bien organisés : tout était millimétré à la seconde près, et rien n’a été laissé au hasard. On ne voulait pas louper cette opportunité. Au final, le tournage a duré en tout et pour tout 20 minutes, et on ne s’en rend pas compte en voyant le clip. Ça s’est fait tellement vite qu’on n’a même pas pris une minute pour savourer le moment… C’est à peine si on a pris le temps de filmer la vue, histoire de ramener une preuve ! (Rires)
C’est fou, parce que n’ai presque pas de souvenir de ce qui venait de se dérouler. Il s’agit d’un accomplissement énorme pour nous, si ce n’est le plus gros depuis les débuts de DUST IN MIND. Parfois, il y a des choses qui vont te sembler impossibles, alors qu’il suffit de poser la question et défendre son projet…
Dans le clip, on vous retrouve aussi dans un lieu très typé « Versailles »…
Il s’agit de l’hôtel de ville de Strasbourg, qui possède des salons magnifiques. On s’est dit qu’on allait jouer la « French Touch » jusqu’au bout. La ville de Strasbourg nous a toujours soutenus, et on aime bien montrer ce patrimoine français. Pour moi, il y est parfaitement représenté, sans tomber dans le kitsch ou les clichés avec la baguette, le vin rouge… Bon, j’ai quand même tenu à porter un béret, mais ça s’arrête là ! (Rires)
Pour le tournage de vos clips, désormais nombreux, faites-vous appel à une personne extérieure pour vous aider à jouer la comédie ?
On est complètement autodidactes, et ce depuis le début, ce qui est assez flagrant dans les premières vidéos : je n’arrive même pas à les regarder, il y a trop de choses qui ne vont pas ! (Rires) On était tellement timides…
On n’a jamais eu de « coaching », et on fonctionne en équipe très réduite : Damien filme les scènes où il n’apparaît pas, et un ami prend le relais pour les séquences de groupe. C’est également nous qui préparons tout le matériel.
Jennifer Gervais (Photo : Lucinda pour METAL FRANCE MAGAZINE)
Le 29 octobre dernier, vous avez fait votre retour sur scène avec un public « debout » au Z7 de Pratteln (Suisse), suite à quoi, tu as partagé ton ressenti mitigé sur les réseaux sociaux. T’attendais-tu à ce que ce retour soit quelque peu difficile ?
Pas du tout. Je pensais que j’allais m’éclater dès la première seconde ! Dix minutes avant le début, j’ai eu une vague de trac, comme à mes débuts. En montant sur scène, ma main ne s’arrêtait pas de trembler – d’ailleurs, les premiers rangs s’en sont aperçus (Rires) J’étais submergée. Une partie de moi ne croyait pas à ce qui était en train de se passer. J’ai aperçu des visages au premier rang que je n’avais pas vus depuis tellement longtemps… Tout d’un coup, il y a eu une pression énorme : j’ai réalisé que pour une partie du public, on serait leur premier concert depuis le début de la pandémie.
En plus, j’étais loin de m’imaginer que la salle serait pleine à craquer dès le début ! Il y a beaucoup de gens qui ont voyagé pour nous, certains étaient même partis du Nord de l’Allemagne.
Au final, ça m’a fait un bien fou. Dès le deuxième morceau, tout ce stress est parti, et je n’arrêtais pas de sourire. Il y avait vraiment une synergie sur scène. On était tous heureux d’être là, ce que les gens ont remarqué. Et puis, les autres groupes (AD INFINITUM et ILLUMISHADE, ndlr) étaient vraiment géniaux. Bref, je ne pouvais pas rêver mieux comme reprise !
As-tu refait des concerts en tant que spectatrice ?
J’en ai fait quelques uns, dont celui de JINJER à la Laiterie, qui était complet. Ça faisait vraiment plaisir, et ça rend très optimiste sur les mois à venir. Je suis ravie que les gens aient envie de ressortir et ne se soient pas trop habitués à regarder un concert derrière leur ordinateur.
Sais-tu déjà ce qui est prévu pour DUST IN MIND en 2022 ?
On est en train de préparer notre première tournée européenne en tête d’affiche pour Mars 2022. Ça nous fait super bizarre de nous dire qu’on va pouvoir choisir notre première partie. Il y aura des dates françaises, allemandes… Jusqu’en Slovénie. On a tellement hâte !
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Regardez dès à présent le nouveau clip, Empty :
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Photo principale : Lucinda pour METAL FRANCE MAGAZINE