En temps qu’amateur de musique, j’ai toujours eu une tendresse particulière pour les premiers albums.
Parfois brillants, plus souvent inaboutis, ils ont ceci de fascinant qu’ils sont généralement les plus sincères.
Pas de fans à satisfaire, pas de maison de disque à contenter, pas (encore trop) de dissonances internes sur la direction artistique du groupe, la musique est généralement le seul paramètre qui entre en compte. On se permet alors l’inattendu, les mélanges d’influences les plus diverses, la liberté de composition totale que des années d’expérience peuvent amener à brider.
Si je m’étend autant, c’est bien évidemment puisque nous sommes ici en présence d’un premier LP pour ce jeune groupe montpelliérain. Leur EP 5 titres sorti l’année dernière m’ayant échappé, ce sera donc mon premier contact avec la musique de EZOX.
Et vous vous doutez bien que je me serais pas fendu d’une introduction aussi personnelle sur l’attrait des premiers albums pour ensuite descendre en flamme celui-ci.
Pas de suspens, One Last Breath contient tout ce que j’aime dans un premier disque : la fougue, l’énergie, les bases d’un univers personnel et émotionnel, des musiciens talentueux… et même ces petits défauts de jeunesse qui ajoutent une dose de charme à leur musique déjà bien inspirée.
Dans sa recherche d’un son personnel, EZOX brasse énormément d’influences. On repère pêle-mêle et parmi d’autres du thrash (« The Crown Of Thorns »), du post-hardcore (« Stay with me »), du death melo ou encore du metalcore (« Jesus »). Ces deux dernières influences constituant d’ailleurs le socle de la musique du groupe.
L’influence de certains groupes semble aussi prégnante, comme celles de BRING ME THE HORIZON époque Sempiternal, notamment sur un titre comme « About Love », ou encore du DISSECTION de Reinkaos dans l’approche ultra mélodique des guitares.
On pourrait penser que le groupe se perd à explorer autant de pistes à la fois. On aurait tort.
Si certains enchaînement sont un peu hasardeux, on ne peut qu’applaudir la formation d’arriver à garder le cap de bout en bout. Plutôt « qu’homogène », on préférera le qualificatif de « cohérent » qui décrit bien mieux les qualités de One Last Breath.
La qualité, d’ailleurs, vient souvent de paire avec le talent. De ça, le groupe ne manque pas. En plus d’une section rythmique solide, le groupe peut se targuer de posséder pour guitariste un excellent mélodiste, ainsi qu’un vocaliste aussi à l’aise en voix claire qu’en growl malgré un accent anglais perfectible. Son chant écorché assez poignant est un des gros points forts du groupe. L’émotion est d’ailleurs au cœur de la musique, perceptible à chaque instant.
La prod est équilibrée, donnant une puissance certaine aux compos. Mention spéciale au mixage de la basse, souvent honteusement oubliée et qui est ici parfaitement audible.
Pas de gros défauts sur One Last Breath. On peut même dire que EZOX tient avec cet album une solide carte de visite qui devrait lui permettre de gravir quelques échelons. Subsistent quelques menus défauts, mais rares sont les premiers essais qui en sont exempts.
Avec cette qualité de composition, cette maîtrise mélodique et l’émotion véhiculée, nul doute que le groupe saura trouver son public dans les mois à venir.
TRACKLIST
1/ Esaïe
2/ Jesus
3/ For Today
4/ Stay With Me
5/ The Crown Of Thorns
6/ Un gribouillage
7/ Wake Up ! (It’s Too Late)
8/ About Love
9/ Nothing Answers My Cries
10/ Prière A La Lune