L’engouement autour de cette date aura été incroyable, et ce, dès son annonce. Tant et si bien que toutes les places seront parties 48 h après l’ouverture des ventes ! C’est donc à l’Olympia que GHOST fait son retour en France, après leurs passages remarqués au DOWNLOAD et au HELLFEST, en juin dernier, quand ils auraient pu se permettre de viser le Zénith, ou mieux, rajouter une date, ailleurs en France…
À en croire le nom du groupe d’ouverture, on se dit naïvement que rien ne peut mieux coller à notre Popestar et sa légion. Une chose est certaine : ZOMBI ne manque pas de talent. Le rock progressif du duo, composé d’un batteur et d’un claviériste / guitariste, intrigue tout d’abord, et rappelle parfois ce qui se faisait dans les années 1990 en terme de musique électronique. Pourtant, l’audience n’accroche pas, et ne connaissant pas leurs compositions, il lui est quasi impossible de s’immerger dans leur univers. L’absence de chanteur, ajouté au fait que le duo soit plongé dans leur musique sans interagir avec le public ou même entre eux, auront vite fait de lasser le public. Pour un peu, nous pourrions croire que les Américains sont en situation d’enregistrement, enfermé dans leur studio, et pas sur scène, devant 2000 personnes. Si la complexité de leur son justifie cette concentration, ZOMBI devrait trouver quelque moyen de rendre leurs performances plus vivantes !
En dépit de tout le rabattage médiatique qui entoure GHOST en ce moment (et sur lequel nous ne nous attarderons pas), on constate que les Nameless Ghouls, qui auraient donc tous été remplacés depuis peu, semblent à l’aise et très joueurs entre eux ou avec l’audience. Quant à notre Papa Emeritus III, il possède comme à son habitude la scène et fascine ses fidèles sans effort. Après une bien belle introduction au piano de Jan Johansson et le fameux Masked Ball d’Allegri, le groupe arrive et ouvre très justement sur Square Hammer, morceau phare à l’efficacité redoutable de l’EP sorti en septembre dernier. Le public répond présent, et scande le refrain tout en sautant sur place. Nous regrettons toutefois qu’aucun autre titre issu de « Popestar » (2016) ne soit joué ce soir – les excellentes reprises de Nocturnal Me ou Missionary Man auraient clairement trouvé leur place dans la setlist.
Avoir vu GHOST pour la toute première fois au HELLFEST dix mois plus tôt aura quelque peu terni notre expérience de ce concert : en effet, tout, de la mise en scène au contexte, en passant par les interventions théâtrales de Papa et l’énergie de la foule, frôlait alors la perfection. Ce soir, Body And Blood accueille, non pas une dizaine, mais seulement deux Sisters Of Sin pour aller offrir aux premiers rangs la chair et le sang ; la pluie de billets tombant à la fin de Mummy Dust à l’effigie de notre Pape est remplacée par de simples confettis, Monstrance Clock ne bénéficie pas d’une vraie chorale d’enfants et, bien évidemment, pas de feu d’artifice ni de festivaliers déchaînés, mais des spectateurs ayant bien du mal à faire preuve de respect… Oui, avec une telle profusion de surprises, GHOST nous a rendus aussi exigeants que capricieux !
Bien sûr, la qualité d’un concert ne repose pas sur la quantité de goodies offerts au public, et nous avons bien conscience que ce qui s’est déroulé à Clisson était exceptionnel. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de noter que même les prises de parole de Papa sont un peu moins captivantes, sans compter que la qualité relative du son rend parfois ses interventions inintelligibles. Il faut dire que les thèmes abordés et les diverses blagues sont les mêmes – ou presque, depuis le début de la tournée : on retrouve ainsi le thème culinaire de Body And Blood et la gastronomie française, ou encore le jeu du « Oui ! Non ! » en français, que notre leader fait crier à la salle.
Papa n’omet pas de faire la liste des villes françaises par lesquelles GHOST est passé ces dernières années, provoquant ainsi des cris dans le public pour chaque ville énoncée – cette date unique a en effet le mérite de réunir des gens de toutes parts du pays.
Mais loin de nous l’idée de nous plaindre : ce soir, nous avons droit à une heure supplémentaire de concert par rapport au festival de l’enfer, nous permettant de profiter de nombreux vieux titres, à l’instar de Ghuleh / Zombie Queen, monumentale composition extraite d’ « Infestissumam » (2013) ! Papa exécute même une petite danse proche du flamenco pour finir en beauté devant la foule en extase. Encore une fois, le refrain est scandé par tous, ou presque, ce qui est le cas sur un autre titre devenu hymnique : l’irrésistible Cirice. Comme à son habitude à partir de ce morceau, notre leader délaisse sa soutane et sa mitre pour un accoutrement plus sobre et léger.
Les airs entêtants des titres cultes que sont Absolution, From The Pinnacle To The Pit, He Is et Year Zero encouragent le public à chanter et lever les bras, tandis que l’atmosphère de Freak Show de Secular Haze calme à peine le jeu.
Grand absent de la setlist pour cette tournée : Spirit, qui avait ouvert chaque performance l’année passée. Nous avons toutefois le plaisir d’entendre le sombre et heavy Con Clavio Con Dio et le très seventies Ritual, deux seuls extraits d’ « Opus Eponymous » (2010) joués ce soir. Avant le rappel, Papa en profite pour encourager le public à acclamer les Nameless Ghouls un par un, tandis que ces derniers nous offrent un final en apothéose, alors que la fumée envahit la scène.
Alors qu’à son retour, Papa précise : « Vous ne croyiez tout de même que nous allions vous laisser sur une fin aussi merdique ? », il évoque la comparaison entre Monstrance Clock et l’orgasme féminin (« une fin prévisible, mais qui fait systématiquement plaisir »), avant de procurer à l’audience cette ultime réjouissance.
Malgré un concert agréable et des compos à l’efficacité incontestable, la prestation de GHOST à Paris ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable. Prions pour une vraie tournée française à l’occasion de la sortie du nouvel album, avec une mise en scène renouvelée qui ravivera la passion des fidèles que nous sommes et des mélodies toujours plus exquises les unes que les autres !
SETLIST
Intro : Klarastjärnor (Jan Johansson) + Masked Ball (Gregorio Allegri)
Square Hammer (Popestar EP, 2016)
From The Pinnacle to the Pit (Meliora, 2015)
Secular Haze (Infestissumam, 2013)
Con Clavi Con Dio (Opus Eponymous, 2010)
Per Aspera Ad Inferi (Infestissumam, 2013)
Body and Blood (Infestissumam, 2013)
Devil Church (Meliora, 2015)
Cirice (Meliora, 2015)
Year Zero (Infestissumam, 2013)
Spöksonat (Meliora, 2015)
He Is (Meliora, 2015)
Absolution (Meliora, 2015))
Mummy Dust (Meliora, 2015)
Ghuleh/Zombie Queen (Infestissumam, 2013)
Ritual (Opus Eponymous, 2010)
RAPPEL
Monstrance Clock (Infestissumam, 2013)