Dire que ce concert à la Maroquinerie était plein à craquer n’a rien d’une image : en plus d’afficher complet des semaines avant, les adeptes de prog’ ont investi chaque recoin de la salle et se sont amenés très tôt pour ne pas louper une miette de BENT KNEE, qui ouvrait la soirée près de trente minutes avant l’heure indiquée sur la page de l’événement… Ainsi, à l’instar d’autres spectateurs, nous nous sommes étonnés d’arriver à la toute fin du set, alors que nous pensions être arrivés pile à l’heure. A charge de revanche.
Ce que nous avons entendu avait en tout cas l’air prometteur, avec une chanteuse à la voix hors norme très communicative et qui faisait preuve de beaucoup d’humour, une liberté musicale qui nous a donné envie d’en entendre plus sur CD, et un public entièrement rallié à leur cause !
Si VOLA a proposé un set moins enflammé et plus attendu, leurs propres fans étaient là pour les soutenir. Le groupe a affiché des mines ravies tout au long de leur performance. En terme de dynamique, on n’a constaté aucune réelle évolution depuis le concert en première partie de KATATONIA en 2016, à l’exception de l’ajout de cinq morceaux extraits de « Applause Of A Distant Crowd », sorti l’année passée, et d’headbangs plus prononcés de la part d’Asger Mygind, à la chevelure, soit dit en passant, plus longue et soyeuse !
L’excellent Smartfriend, qui ouvrait le set, aurait été d’autant plus marquant en fermeture du concert, étant donné l’énergie et la violence du titre comparé au reste du répertoire. Ceci dit, le set incluait les titres les plus saturés de leurs albums, comme Your Mind Is A Helpless Dreamer avec ses riffs forcenés et ses quelques grunts, mais aussi ses synthés et éléments electro affirmés, d’ailleurs bien mis en valeur par un son très satisfaisant, ainsi que le nuancé Owls, où la voix grave et mélodieuse d’Asger contrebalance l’aspect brut des couplets.
On regrette l’absence du fameux The Same War, probablement écarté car il a été joué maintes fois depuis la sortie du premier album.
VOLA nous a quittés après un set que nous jugeons un peu court, première partie oblige… Heureusement, le groupe suédo-danois revient par chez nous à l’occasion du Heart Sound Metal Fest le 6 avril prochain à Sucy-en-Brie (vers Créteil), en compagnie de LEPROUS et HUMANITY’S LAST BREATH !
Place à HAKEN ! Les Anglais ont introduit leur show sur des chapeaux de roue, et avec le second degré qui ressort parfois chez eux, en dépit du sérieux de leur technique… C’est en effet un air bien connu de tous par Giacchino Rossini qui a résonné dans la salle, provoquant quelques rires ici et là ! Mais c’est Clear et ses effets de lumière épileptiques qui ont réellement introduit les hostilités…
Nous avons eu droit à une performance propre et rythmée, tandis que le groupe s’est majoritairement focalisé sur son dernier album « Vector » avec, notamment, le long Veil. Le public « prog », que l’on sait passionné, mais plutôt calme en règle générale, s’est quand même autorisé quelques pogos maîtrisés, voire quelques slams ! Et autant vous dire que c’est lorsqu’ils sont rares et inattendus qu’ils font le plus mal…
On a malheureusement eu à déplorer un son de basse engendrant des vibrations désagréables, mais heureusement, cela ne s’est produit qu’une poignée de fois lors de la performance.
A Cell Divides a recueilli sur son refrain la participation vocale du public, qui connaissait les morceaux du bout des doigts, tandis que Nil By Mouth a laissé les instruments exprimer une furieuse panoplie de sonorités metal et synthétiques comme on les adore de la part d’HAKEN. Quant à Veil, il a transcendé l’audience de ses passages épiques.
Pour le titre 1985, riche en claviers vintage rappelant forcément la décennie mentionnée, Ross Jennings, notre leader au charisme naturel, a revêtu de belles lunettes néon LED, nous propulsant 30 ans en arrière sans efforts ! Il a également pris position derrière les claviers pendant quelques minutes, tandis que l’hypra enthousiaste Diego Tejeida a occupé un temps le devant de la scène avec son clavier portable. Nous avons eu droit à un autre titre extrait d’ « Affinity », The Architect : outre de jolies parties mélodiques qu’on a bien apprécié entendre en live, on a surtout retenu les parties planantes, au summum du progressif, ou encore les surprenants screams déchirants de Ross !
HAKEN n’a pas froid aux yeux en terminant ses sets avec le magistral mais interminable Crystallized, surdéveloppé et très intéressant à décortiquer hors contexte live. On a néanmoins été bluffé par les harmonies vocales a capella de Charles, Ross et le batteur Ray Hearne au milieu du morceau, succédées par un solo de vocalises incroyables de justesse et de puissance de la part de Ross ! Une petite révérence presque ironique de sa part a suivi, lui valant de francs applaudissements bien mérités.
Le groupe reviendra par chez nous en compagnie de nul autre que Devin Townsend le vendredi 15 novembre, à la salle Pleyel !
SETLIST
Ouverture de Guillaume Tell (de Gioachino Rossini)
Clear
The Good Doctor
Puzzle Box
Falling Back to Earth
A Cell Divides
Nil by Mouth
1985
Veil
The Architect
RAPPEL
Crystallised