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Sortie de l’anonymat en 2017, année de son intégration au groupe de folk metal incontournable ELUVEITIE, l’attachante Fabienne Erni avait toutes les clés pour démarrer d’ores et déjà un projet bien à elle, même si ce sont en réalité les circonstances, plus que l’ambition elle-même, qui l’auront poussé à créer ILLUMISHADE… On ne vous en dit pas plus, et on vous invite ainsi à vous plonger dans notre entretien avec la chanteuse et multi-instrumentiste de talent, à quelques jours de la sortie de « Eclyptic: Wake Of Shadows » (15 mai !), qui dépeint un univers fantasy au moyen de sonorités relativement rock et modernes.
Le projet ILLUMISHADE, au delà de l’album et des clips, possède un concept bien développé. Sur le site internet, on trouve des énigmes, un quiz, et tout un tas d’autres éléments qui tournent autour de l’histoire… Cela faisait longtemps que vous prépariez ce projet, qui semble représenter une quantité de travail assez conséquente ?
Fabienne – En gros, tout a démarré parce que je n’avais pas le choix ! (Rires) Je devais élaborer un projet pour mon mémoire de fin d’études à l’école de musique de Zurich afin de devenir professeur de chant. La soutenance consistait à présenter mon projet pour ensuite lui donner vie sur scène.
J’étais assez libre de faire ce que je voulais, et comme je suis férue de fantasy et de comédies musicales depuis mon adolescence, je suis partie de cette idée pour le concept. En plus, avoir une histoire sur laquelle m’appuyer m’aide beaucoup dans la composition !
Une fois fixée sur le thème, j’en ai parlé à ma meilleure amie Tamara Schön, qui a adoré le principe. Elle est désormais très impliquée, même si elle n’est pas un membre du groupe. Mais elle s’occupe de tout ce qui concerne le management, les réseaux sociaux et ce qui, normalement, incombe à un label. Dans le groupe, on l’aide du mieux qu’on peut pour cette partie gestion.
Même si on a développé l’idée toutes les deux, ça a fini par représenter trop de travail… On a donc fait appel à une écrivaine canadienne du nom de Chrisy Berryman. Elle aussi est fan de metal, donc c’était l’union parfaite ! Elle nous a aidées à élaborer les textes et notamment l’énigme dont tu parles. Tout est géré par l’équipe d’ILLUMISHADE. De cette manière, on est complètement indépendants, et on possède tous les droits.
Te serais-tu quand même lancée dans ce projet si l’école ne t’y avait pas poussé ?
Je pense que je n’aurais jamais osé ! (Rires) C’était l’impulsion dont j’avais besoin, sans quoi je n’en aurais probablement pas eu le courage… Une fois lancée, je me suis demandée » mais pourquoi je n’ai pas fait ça plus tôt ? ». C’est super d’élaborer ce monde et ses visuels, et je m’implique à 100%. J’ai plusieurs casquettes, et j’en apprends tous les jours.
Je suis pas mal aidée par Jonas Wolf (guitariste dans ELUVEITIE), qui étudiait aussi à l’école de musique de Zurich. Comme on a énormément tourné ensemble, je lui avais demandé de me rejoindre à l’époque, d’autant qu’il était vraiment emballé par le projet.
Mon rôle dans ELUVEITIE est très différent, car je donne vie aux compos’ et aux paroles de Chrigel (Glanzmann, chanteur et compositeur). Mais maintenant, avec ILLUMISHADE, c’est aussi la première fois que je compose vraiment. Donc c’est un bon équilibre !
Comment s’est passé ta soutenance ?
Très bien ! J’ai décroché mon diplôme. C’était très stressant, surtout qu’on était débordés avec ELUVEITIE en septembre dernier… C’est un miracle que j’aie réussi à tout faire ! Mais tout s’est super bien passé. En y repensant, je n’aurais jamais imaginé aller aussi loin avec ce projet, dans la mesure où il s’agissait à la base d’un projet « scolaire » ! (Rires)
Beaucoup de symboles illustrent le concept d’ « Eclyptic », dont les cristaux, qu’on retrouve d’ailleurs sur la pochette. Que symbolisent-ils exactement ?
Ils représentent le cœur de notre monde qui doit être protégé. Chaque membre du groupe appartient à l’Ordre de l’lllumi, et chacun d’entre nous est l’élu(e) de sa propre tribu, symbolisée elle-aussi par un emblème. Dans l’histoire, on se doit de protéger l’équilibre de ce monde : le cristal. Hélas, ce monde s’éteint à la fin ! J’ai plein d’idées à exploiter pour nos prochains albums…
La dernière piste est d’ailleurs une instrumentale très courte. Est-ce qu’elle sous-entend une suite ?
Tout à fait ! Je ne voulais pas que l’album se termine uniquement sur les ténèbres. On souhaitait rajouter une note d’espoir, un signe de vie. C’est pourquoi on ferme rapidement l’album avec cette outro, qui reprend d’ailleurs la mélodie de l’intro. Donc ça signifie que ce n’est pas la « Fin »… (Rires)
Ton chant ainsi que certaines ballades dans l’album semblent avoir été inspirés par des célèbres chanteuses populaires et des chansons d’amour…
Je pense que le chant est différent parce qu’il s’agit d’un autre monde. ELUVEITIE évolue dans un monde celtique, et je chante parfois en gaulois. ILLUMISHADE a un style différent, peut-être un peu plus moderne, et les paroles sont en anglais. Tout cela influence le chant, et je suis très satisfaite de pouvoir explorer d’autres interprétations.
Tu parlais tout à l’heure de Chrigel, ton partenaire dans ELUVEITIE : il s’avère qu’il a participé au titre Tales Of Time. C’était prévu de l’avoir dans l’album ?
Non, mais j’ai pensé que ce morceau, qui possède une atmosphère plus traditionnelle, devait contenir des grunts. Et comme Chrigel nous soutient à fond depuis le début, dès qu’il a appris qu’on allait mettre des grunts sur ce titre, il a tout de suite souhaité participer ! (Rires) C’est comme ça que ça s’est fait.
Il y a quelques mois, nous avons eu la surprise d’apprendre qu’Anna Murphy s’était occupée de produire et d’enregistrer les voix. Comment en êtes-vous venues à travailler ensemble ?
J’ai tout d’abord enregistré mon chant avec Tommy Vetterli. Mais les choses ont pris plus de temps que prévu à mettre en place, et à la fin, il n’était plus disponible… On avait un emploi du temps ultra serré ! C’est pour quoi Anna a pris le relais pour les chœurs parce qu’on la connait bien, même si c’était la première fois que je travaillais avec elle.
C’était vraiment une super expérience, et je pense que ce ne sera pas la dernière fois qu’on travaille ensemble ! On s’est bien amusées avec les lignes de chant, et comme on est toutes les deux chanteuses, on n’a pas hésité à surenchérir ! (Rires) On est même parties loin à certains moments… J’ai été ravie qu’elle se soit occupée de ça. En plus, elle a vraiment apporté des idées intéressantes qui n’auraient pas atterri dans l’album autrement.
La Release Party aurait dû se dérouler à Zurich dans quelques jours. Vous allez finalement diffuser un live sur Youtube à la place. Est-ce que la performance sera identique à celle prévue de base ?
Oui, on va jouer exactement la même chose, avec la même setlist. Il y aura sûrement plus d’interactions, étant donné qu’il s’agira d’un concert « fantôme », et on est encore en train de voir comment on peut organiser ça. Comme je le disais, on a déjà joué les morceaux en septembre à mon école, mais depuis, ils ont beaucoup évolué !
ELUVEITIE a organisé des sessions d’échange sur les réseaux sociaux, appelées « corona talks », pour aborder la situation actuelle avec d’autres artistes du milieu. Qui en a eu l’idée ?
C’est Chrigel et Michalina (Malisz, joueuse de vielle à roue dans ELUVEITIE) qui ont suggéré l’idée, comme Michalina se charge déjà de la maintenance des réseaux sociaux pour le groupe…
J’adore le principe. Pour moi, il est important de ne pas trop parler des aspects négatifs de la situation, mais plutôt des choses positives qu’il en ressort. Et c’est super de pouvoir se lier avec des chanteurs que je n’ai pas toujours rencontrés en physique !
(Première interview « corona talk » avec Lena Scissorhands, chanteuse du groupe INFECTED RAIN, par Fabienne)
Pour terminer, peux-tu nous dire ce qui a été le plus difficile à surmonter lorsque tu as rejoint ELUVEITIE en 2017 ?
En fait, il y a eu beaucoup de choses ! (Rires) J’ai rejoint le groupe en ayant très peu d’expérience dans le domaine… Bien sûr, je jouais déjà dans des groupes à l’école, mais ce n’est pas pareil : on faisait des reprises, et puis, ça restait le contexte « école »…
Pour moi, il y a eu plein de défis à relever, comme jouer devant une foule… (Rires) J’ai également dû m’habituer à chanter équipée d’ « in-ear monitors », à interagir avec le public, à être présente sur les réseaux sociaux… Partir en tournée était nouveau, aussi : je n’avais jamais joué autant de concerts. Enfin, c’était la première fois que j’enregistrais dans un grand studio. Bref, j’ai été plongée dans le grand bain ! (Rires) Mais je suis vraiment heureuse que le groupe ait pensé à moi pour endosser ce rôle.
Je me souviens de notre premier concert ensemble, en janvier 2017, lors de notre propre festival, Eluveitie & Friends, et qui se déroulait sur deux jours. Il y avait à peu près mille spectateurs par journée, et j’étais terrifiée ! En plus, on n’avait pas eu le temps de vraiment répéter en amont… Mais tout s’est plutôt bien passé pour une première fois !