4.5/5
Les années qui séparent deux albums d’un même groupe peuvent s’avérer riches en événements ; c’est le moins que l’on puisse dire de la formation menée par l’exceptionnelle Floor Jansen. Après un premier album prometteur sorti en 2010, entièrement composé par Floor, Joost van den Broek (ancien claviériste d’AFTER FOREVER) et Waldemar Sorychta, et sobrement baptisé avec le nom du groupe, REVAMP ne tarde pas à s’atteler à son successeur. C’était son compter les déboires de la chanteuse, alors victime d’un burnout (ou « surmenage » en français). Heureusement, elle se rétablit en quelques mois et REVAMP entre en studio fin 2012.
Encore une fois, la production se voit perturbée, cette fois-ci par un événement bien plus positif, puisque Floor est appelée à rejoindre les Finlandais de NIGHTWISH en tournée. Ce n’est donc qu’en avril 2013 que s’achèvent les enregistrements de « Wild Card », disponible depuis le 26 août dernier. À n’en pas douter, ces trois années auront été une grande source d’inspiration pour le groupe, qui nous offre ici une intense production agréablement rentre-dedans et libre de toute contrainte.
L’auditeur se rendra compte qu’une certaine technicité des instruments et des structures plus complexes constituent notamment la force de cet album. Le titre qui ouvre la marche, On the Sideline, parvient à capter l’attention de l’auditeur grâce à des rythmes variés, des guitares et des claviers audacieux et une mélodie accrocheuse, offrant ainsi une composition moderne et efficace sans tomber dans l’excès. Ce morceau représente également la première partie de la trilogie « The Anatomy of a Nervous Breakdown », dans laquelle Floor Jansen relate le burnout dont elle a souffert.
La deuxième partie la suit de près avec The Limbic System, qui nécessitera plusieurs écoutes afin d’être entièrement assimilé. Ici, la voix de la chanteuse semble infiniment variée et brille par sa puissance extrême ; elle se fait tantôt lyrique et enjôleuse, tantôt hurlante et teintée d’une fureur certaine. Le parfait exemple de cette variété vocale se retrouve dans le titre Precibus, dans lequel les grunts, interprétés par Floor elle-même (comme la quasi-intégralité des growls présents dans l’album) contrastent élégamment avec la voix lyrique des couplets ou encore la puissance du refrain. Les musiciens parviennent à faire face à cette voix hors du commun et forment un ensemble épatant de maturité et d’agressivité.
Si REVAMP parvient à définir leur identité en tant que groupe avec « Wild Card », force est de constater que le spectre d’After Forever, l’ancien groupe de Floor Jansen, plane encore et toujours sur les compositions – ce qui est loin de nous déplaire ; Amendatory et I Can Become ne sont pas sans rappeler les derniers opus du groupe, avec leurs rythmes rapides, les chœurs très présents de la première ou encore les grunts agressifs et les influences électro de la seconde.
Malgré cette ressemblance, le groupe a néanmoins souhaité se distinguer du reste de la scène de metal symphonique à chant féminin en apportant une touche de modernité à leur musique – une chose que l’on constate sur des titres tels que Nothing, avec ses couplets minimalistes mais touchants, ou encore Distorted Lullabies, qui trompera l’auditeur en commençant telle une authentique ballade pour finalement gagner en puissance, avec ses belles orchestrations et ses chœurs dignes de John Williams ; à n’en pas douter, le morceau le plus épique de l’album !
Plus simples, Wild Card et Wolf and Dog contiennent malgré tout de très bons éléments, l’une pour ses grunts et son refrain dynamique, l’autre pour son solo et sa fin tonitruante.
C’est sur les couplets de Misery’s No Crime que Floor laisse place à Mark Jansen au grunts. Alors que le refrain est illustré de chœurs lyriques et chaotiques, notre attention se porte plus précisément sur le pont, où l’émouvante performance de Floor, emplie de frustration, laissera l’auditeur coi, avant que les rythmes ne s’accélèrent et que les chœurs reprennent de plus bel.
Une frustration que l’on retrouve dans le titre Neurasthenia, qui constitue la troisième et dernière partie de la trilogie The Anatomy of a Nervous Breakdown. REVAMP y accueille d’ailleurs un autre invité de renom qui n’est autre que Devin Townsend lui-même. Le chanteur semble personnifier le burnout de sa voix diabolique, alors que Floor tente de lutter contre cet ange maléfique qui, en l’affaiblissant, ne pense en fait qu’à la prévenir des effets néfastes de ses actions. Enfin, la rage de la chanteuse se fait particulièrement sentir sur le pont de Sins, alors que le refrain évoquera quant à lui une certaine mélancolie, achevant ainsi l’album sur une note sombre.
Avec « Wild Card », on détient enfin un album capable de se mesurer au talent infini de Floor Jansen – ce qui ne s’était plus produit depuis l’ultime production d’AFTER FOREVER, en 2007. Les compositions comportent toutes leurs propres atouts, qu’il s’agisse de l’aspect heavy approfondi ou de leurs émouvantes mélodies, et bien que la présence de la chanteuse leur octroyait déjà une place de choix au sein du genre, le groupe peut désormais se considérer comme une pointure et reprendre sans problème là où AFTER FOREVER s’était arrêté, pour enfin parvenir à s’en démarquer complètement.
TRACKLIST
01. ‘The Anatomy Of A Nervous Breakdown’: On The Sideline
02. ‘The Anatomy Of A Nervous Breakdown’: The Limbic System
03. Wild Card
04. Precibus
05. Nothing
06. ‘The Anatomy Of A Nervous Breakdown’: Neurasthenia
07. Distorted Lullabies
08. Amendatory
09. I Can Become
10. Misery’s No Crime
11. Wolf and Dog