Un an seulement après la sortie du dernier album, « The Frozen Tears of Angels », et 8 mois après leur EP « The Cold Embrace of Fear », le groupe italien, loin de s’octroyer des vacances, revient avec « From Chaos to Eternity ». Cet opus constitue le dernier chapitre de la saga « Dark Secret », entamée 14 ans plus tôt avec leur premier album « Legendary Tales ».
L’intro, comme dans l’album précédent, démarre sur les mots du Christopher Lee dans le rôle du Roi Uriel, à la différence que cette fois-ci, l’heure n’est plus au suspense mais bel et bien à l’action: la guitare répétitive et déchaînée de Luca Turilli et les chœurs apocalyptiques nous plongent dans cette histoire épique et mouvementée qui s’enchaîne avec le morceau-titre, dans lequel le speed de la batterie et les guitares, toujours enragées, soutiennent une composition d’ouverture efficace.
On déchante pourtant vite dès la troisième piste, Tempesta Di Fuoco, où l’agressivité injustifiée et le désordre apparent font perdre pied à l’auditeur et n’apportent aucune originalité. Une impression qui se répète, notamment sur la ballade Anima Perduta, bien loin de rivaliser avec les précédentes ballades du groupe. Le titre Tornado, quant à lui, annonce des chœurs prometteurs mais qui sont suivis de riffs décevants, alors que le refrain nous donne une belle impression de déjà vu.
Heureusement, Ghosts of Forgotten Worlds démarre sur une ambiance horrifique prenante, alors que de calmes notes de guitare sèche créent un effet d’attente qui repose l’auditeur de l’étalage technique auquel il a assisté jusqu’ici. L’effet ainsi créé est amplifié par la voix douce mais torturée de Fabio Lione, pour enfin mettre en valeur une mélodie recherchée aux accents Latino.
De même, Aeons of Raging Darkness apporte une violence et une progression dynamique, où le chant de Fabio est plus varié que jamais: sa voix démoniaque se change tantôt en chant passionné qu’on lui connaît bien, tantôt en cris pour le refrain, apportant à l’album une pièce cohérente et sans aucune lourdeur.
Si Aeons reste finalement très fidèle au style de RHAPSODY OF FIRE, la piste suivante a sûrement du en surprendre plus d’un: I Belong to the Stars est, à première écoute, une étrangeté mêlant des chœurs épiques à une musicalité tout droit sortie des années 80! Le pont présente un duel claviers / guitares suivi d’un contretemps à la batterie, rappelant à s’y méprendre les vieux tubes de SONATA ARCTICA. Un titre plutôt audacieux mais sans grande prétention, que je salue bien bas.
Le gros point faible de cet opus est, hélas, ce qui aurait du être son point fort: la pièce-maîtresse, intitulée Heroes of the Waterfalls’ Kingdom, longue de 19:42 minutes, ne présente aucun relief dans sa majorité; jamais un album du groupe n’aura accueilli un morceau plus décousu que celui-ci. Sa durée excessive n’est que poudre aux yeux pour les fans, car chaque étape se veut répétitive à souhait, plus particulièrement la partie IV, où les guitares ennuieront les plus intrépides d’entre nous.
En outre, on compte plusieurs lignes de dialogues entre les personnages principaux, à l’instar de The Mystic Prophecy of the Demonknight, de l’album « Triumph or Agony » (2006); alors que la mise en scène et les bruitages de cette dernière étaient plutôt convaincants, ils posent ici un problème, notamment lorsque le personnage de Dargor se met à gémir comme lors d’un effort… Un choix artistique qui, sans l’aide précieuse de l’image, ne tient pas la route. Si le morceau en général a été une déception, on apprécie toutefois l’épique fin (dès 15:34), où des chœurs énergiques précèdent le dénouement illustré par l’échange entre Iras et Dargor. Enfin, une orchestration de fond aux couleurs cinématographiques vient à son tour soutenir les ultimes mots de Mr Lee.
N’oublions pas de mentionner la superbe reprise d’IRON MAIDEN, Flash of the Blade, qui apporte une légèreté et une vitalité bienvenues à cette production.
Une fois encore, RHAPSODY OF FIRE reste accroché à sa recette, multiplie les soli à tort et à travers comme il l’a toujours fait, et bien que la plupart des mélodies demeurent émouvantes et inspirées, les italiens ne cessent de servir à leurs fans ce qu’ils attendent d’eux, ce qui, au bout de tant d’albums, est plus que critiquable. En espérant de tout cœur que ce dernier chapitre soit suivi d’une nouvelle ère, où le groupe saura exploiter leurs multiples talents avec modération et originalité.