Qui aurait cru que la date réunissant pour la première fois SABATON, ALESTORM et BLOODBOUND à Marseille aurait affiché complet plusieurs heures avant l’événement ? C’est pourtant bien ce qui est arrivé en ce 22 février, à l’Espace Julien, cette salle qui accueille régulièrement des grands noms du metal international… Et on pourra affirmer que le public aura su montrer son enthousiasme au-delà de toute expectative !
De nombreux fans font encore la queue à l’extérieur lorsque le premier groupe entame sa performance. Des panneaux représentant une tête de diable sont disposés sur scène, pour finalement nous faire découvrir un heavy metal qui n’a rien de « diabolique », au contraire ! BLOODBOUND ne cache pas son plaisir de jouer face à une foule déjà bien échauffée, qui réagit au quart de tour à chaque fois que le chanteur s’adresse à eux. Les headbangs vont bon train sur scène, tandis que le frontman Patrik Johansson n’a pour seul couvre-chef que deux petites cornes démoniaques ! Ce dernier semble d’ailleurs très en voix et ravi de jouer pour la toute première fois en France. L’audience, dont une bonne partie ne connaissait probablement pas la formation suédoise, répond activement au répertoire du groupe, notamment au son de l’entêtant In The Name Of Metal et Nosferatu, introduit par l’apparition d’un homme-mystère déguisé en démon. Une chose est certaine : BLOODBOUND a un certain sens de la mise en scène !
C’est avec une certaine impatience que j’attendais de voir les pirates écossais de ALESTORM, dont je ne connaissais principalement que le « Captain Morgan’s Revenge » (2008). Point d’accoutrement s’apparentant à la flibusterie pour les membres, mais un style décontracté qui leur est propre, à l’instar de Christopher Bowes au chant, vêtu d’un kilt comme pour mieux honorer et représenter la mère-patrie ! Muni de son keytar, il n’a pas vraiment besoin d’encourager l’audience, qui s’est d’ores et déjà ralliée à sa cause : à vrai dire, dès les premières secondes du concert, l’accueil du public est impressionnant : quiconque serait venu ici par hasard aurait pu largement penser que c’est ALESTORM qui est ce soir en tête d’affiche, tant les fans du groupe sont venus en masse, parfois même déguisés en pirates et autre perroquets géants ! Entre deux pogos, ils s’adonneront même à un petit jeu le temps d’un couplet, à savoir : se coucher par terre et mimer les vagues ! Très vite, les murs et le plafond de l’Espace Julien suintent de transpiration du à toute cette agitation…
Keelhauled et Magnetic North font partie des morceaux qui solliciteront largement le public à coups de « Yo oh oh » et de « Hey! Hey! Hey! », mais il faut bien avouer que chaque titre s’apparente à une hymne paillarde assumée. Je reconnais l’excellent Shipwrecked, tandis que Nancy The Tavern Wench, plus lent, n’apaise pas pour autant l’ambiance. Christopher dédie un morceau « à tout ceux qui ont passé une journée de merde » et avoue, juste avant le semi-acoustique Hangover (reprise de Taio Cruz qui aurait clairement pu être écrite par nos Écossais), que le groupe a beaucoup bu la nuit dernière. Pour continuer dans le même thème, le refrain de Drink, aux paroles très évocatrices, est largement scandé par les spectateurs. 1741 (The Battle Of Cartagena), aux saveurs épiques, ferme un concert ô combien chaud bouillant et unificateur. Inutile de préciser qu’il s’agit là probablement de l’une des meilleures prestations auxquelles j’ai pu assister en matière d’ambiance.
Rapidement après le départ du groupe, les draps qui dissimulaient la batterie-tank d’Hannes Van Dahl sont retirés. Le public en profite pour aller se désaltérer de bières (supplémentaires) avant de revenir se masser au retentissement en fond sonore de The Final Countdown (EUROPE), signal d’un début imminent. L’intro The March Of War fait d’autant plus monter la pression (et les membres sur scène), suivie de Ghost Division, qui ouvre les hostilités avec une efficacité incontestable ! Et à voir à quel point l’hymnique Far From The Fame entraîne tout le monde à sauter sur place au rythme du refrain, on se dit qu’il aurait été difficile de proposer meilleure entrée en matière.
Le sourire aux lèvres, le chanteur Joakim Brodén exprimera à moult reprises son ébahissement face à la foule en délire, « surtout de la part d’une ville où nous n’avions encore jamais mis les pieds ! ».
Avant la version suédoise de Gott Mit Uns, Thobbe Englund fait mine de demander à Joakim de déguerpir. Ce dernier s’exécute, prétendant s’être offusqué, obligeant les deux guitaristes à interpréter le morceau à sa place ! Nous ne pouvons que supposer que cette diversion a été mise en place afin que le chanteur puisse reposer sa voix le temps d’un titre.
Joakim est de retour muni de sa guitare pour Resist And Bite, à laquelle il est impossible de rester de marbre, et qui motive le public à taper le rythme pour accompagner la batterie et la guitare lead en boucle sur les couplets. La complicité entre les membres est indéniable, et leur façon de se chamailler sans cesse sur scène ne fait qu’appuyer cette impression. Afin de détendre toujours plus l’atmosphère, nous entendrons quelques « Salaud ! » au micro tout au long de la soirée, preuve que les Suédois ont pris la peine de pratiquer la langue française depuis leur arrivée dans notre beau pays !
Le chanteur nous avait informés que la setlist avait été remaniée. Thobbe commence alors à jouer l’air emblématique de Swedish Pagans, encourageant les spectateurs à chanter l’air à leur tour. Après une certaine insistance de la part du public, Joakim s’empresse alors de rétorquer en souriant : « Vous allez la fermer ? On est pas censé la jouer, celle-là… ». Improvisation réelle ou orchestrée, SABATON s’attelle en tout cas à jouer le morceau, pour le plus grand plaisir des fans aguerris. La belle intro Dominium Maris Baltici précède le légendaire Carolux Rex ; avant le rappel, Thobbe se lance dans une reprise improvisée, avant d’introduire l’excellente To Hell And Back en sifflotant.
Le concert aprroche à sa fin, lorsque Joakim s’exclame : « Je n’arrive pas à croire qu’à ce stade, vous ayez encore de l’énergie… On pourra revenir ? », ce à quoi la totalité des spectateurs répondra avec cris et engouement.
SABATON quitte la scène après un rappel qui se termine sur le vieux Metal Crüe et remercie chaleureusement les Marseillais d’être venus aussi nombreux et fous. En somme, d’avoir été eux-mêmes !