3/5
Si Amanda Somerville a déjà sorti deux albums de pop rock dans le passé (« In the Beginning There Was… » en 2000 et « Windows » en 2009), l’Américaine est surtout connue pour ses nombreuses collaborations avec des artistes de l’univers du metal symphonique.
Après plus de dix ans à faire partie intégrante de cette scène, Amanda crée enfin son propre projet metal, qu’elle nomme TRILLIUM, et dont le premier album s’intitule « Alloy ». A la composition, elle fait appel à Sascha Paeth, guitariste et producteur incontournable du genre, et Sander Gommans, ex-leader et guitariste d’AFTER FOREVER et créateur du projet HDK.
Bien que les compositions proposent des guitares et une batterie bien présentes, l’album en général pourrait à vrai dire s’apparenter à la pop soul chère à l’américaine : les mélodies, les techniques vocales ou encore les structures des chansons, une fois la batterie et les guitares mises à part, auraient pu constituer le troisième album solo d’Amanda…
« Alloy » démarre sur la voix lyrique et lointaine de la chanteuse, avant que les riffs et le rythme lourd fassent leur apparition. Pourtant, un effet d’attente se crée sur des couplets minimalistes et offre une certaine modernité. Si on cherche un peu plus loin, on s’aperçoit que les morceaux co-écrits par Gommans sont les plus heavy et rentre-dedans.
Ainsi, Coward, qui a fait l’objet d’un clip vidéo, est le morceau le plus sombre d’ « Alloy », avec ses quelques notes de clavecin, son rythme lent et ses orchestrations quelque peu sinistres. De même, la voix d’Amanda y est très variée : si elle est douce et mélancolique quand la musique le requiert, elle se fait plus grave et rancunière par endroits, alors qu’elle effectue même quelques envolées lyriques et fantomatiques sur le pont. Un bon choix de single, ne serait-ce que pour apprécier la palette vocale d’Amanda.
Bow to The Ego est peut-être la chanson la plus représentative du style de Gommans, avec sa guitare et ses claviers arabisants. De son côté, la batterie ne tarit pas en double pédale et breaks violents.
Comme pour prouver une bonne fois pour toutes qu’on a là un album de metal, Amanda a fait appel à son ami Jorn Lande pour un duo sur Scream It ! Le titre démarre sur une musique classique prenante, avant que la voix violente de Jorn Lande vienne contredire sa sérénité. Rares sont les fois où les « guests » sont exploités à 100%. Ici, c’est tout le contraire : son interprétation est digne du talent qu’on lui connait, et Amanda se situe même en retrait pour laisser libre cours à la voix extraordinaire de Lande.
Les titres représentatifs des influences pop de la chanteuse ont été majoritairement composés par Sascha Paeth : ainsi, Purge est probablement l’un des morceaux les plus efficaces et les plus accrocheurs de l’album, avec un refrain entraînant et dynamique, un solo très bien placé, et le pont qui n’est pas sans rappeler le refrain de The Edge of Glory de Lady Gaga ! Mais la comparaison s’arrête là.
Sans être très marquant, Mistaken possède lui aussi un refrain plein d’énergie et facile d’accès, avec toutefois un solo aussi bref que dispensable. Quant à Justifiable Casualty, il n’apporte rien de nouveau à l’album, et le tout, avec son tempo lent et ses chœurs anecdotiques, sonne bien trop fade. Toutefois, le titre se voit amélioré avec son solo démentiel, bien qu’il tombe comme un cheveu dans la soupe.
Path of Least Resistance peut surprendre dès le premier couplet, avant que le refrain vienne une fois encore contrebalancer les influences pop. Mais elle peine à nous convaincre, à l’instar du titre précédent… Into The Dissonance est bien plus riche, avec sa mélodie mélancolique et son refrain qui monte en puissance.
Les orchestrations d’Utter Descension rappelleront peut-être à l’auditeur EPICA ou AFTER FOREVER : du reste, il s’agit là d’un des morceaux les plus aboutis de l’opus. À l’inverse, Slow it Down est une ballade au piano prévisible et sans relief. Le bonus Love is an Illusion, qui à première vue semble jouer le rôle de la « ballade en trop », offre au final une mélodie intéressante et un rythme dynamique. Comme sur tous les titres, un solo vient faire son apparition pour procurer de l’énergie au tout.
Cette tendance pop sur du son metal, qui reste une démarche intéressante, ne sera probablement pas du goût de tout le monde, et certains morceaux risquent de vite lasser l’auditeur par leur manque de profondeur. Malgré tout, Amanda Somerville prouve ici qu’elle a su rester fidèle à ses diverses influences tout comme elle a su risquer le mélange des genres, sans céder à la tentation de faire un album 100% metal juste pour satisfaire les fans. Un compromis qui, au final, porte la marque de son honnêteté et de sa créativité…