C’est un grand moment auquel les fans de metal / rock symphonique s’apprêtent à assister, ce soir-là. WITHIN TEMPTATION, accompagnés de leurs amis de DELAIN, viennent remplir une fois de plus le Zénith de Paris. Autant dire que le public parisien était en adoration face à la production impeccable dont les deux groupes ont bénéficié – et au charisme indéniable des deux chanteuses.
Grâce à leurs « grands frères », les membres de DELAIN ont la possibilité de jouer dans les plus grandes salles d’Europe. Pour eux, les avantages de cette tournée sont multiples, et ils bénéficient ainsi de lumières et d’un espace scénique idéaux, sans compter l’accueil tonitruant de milliers de spectateurs à travers l’Europe (en outre, nombre d’entre eux sont également fans de la formation de Martijn Westerholt). Bien sûr, le fait d’assurer la première partie implique une setlist réduite ; on déplorera effectivement le fait que DELAIN n’ait joué que deux morceaux issus de leur tout nouvel album, « The Human Contradiction », contre quatre issus de « We Are The Others » (2012).
On remarquera une Charlotte (Wessels, chant) extrêmement à l’aise et plus en forme que jamais. Dans un accoutrement noir classique, mais fort révélateur, elle interprète avec passion des morceaux tels que Electricity ou Not Enough, mais ne se risque pas aux notes aigües sur le dernier refrain de Army of Dolls. Fait fortement appréciable : la chanteuse communique la plupart du temps en français. Tout du long, elle encourage le public de façon énergique (voire hurlante !) et exprime son contentement face à la foule, bien réveillée dès le début de leur set. Le seul vrai point noir au tableau vient des basses, beaucoup trop fortes, à tel point qu’on les sent résonner dans notre cage thoracique !
En attendant, nous avons la chance d’assister à un show très réussi. On apprécie toujours la beauté d’Electricity et de Sleepwalkers’ Dream, le dynamisme pop de Stardust et Army Of Dolls, l’efficacité du cultissime The Gathering, ou encore la fin émouvante de Not Enough. Dommage que le set ait ouvert sur un morceau aussi mitigé que Go Away et ferme sur la banalité de We Are The Others ; DELAIN possède un bon nombre de compositions (anciennes comme nouvelles) qui auraient mérité d’être défendues en live, aussi courte la setlist soit-elle. Souhaitons donc leur retour rapide en tête d’affiche afin de se délecter, espérons-le, de titres tels que Here Come The Vultures ou The Tragedy Of The Commons, deux compositions-phare de « The Human Contradiction ».
SETLIST
Go Away
Get The Devil Out Of Me
Army Of Dolls
Stardust
Electricity
Sleepwalkers’ Dream
The Gathering
Not Enough
We Are The Others
Le concert se termine malheureusement trop vite ; DELAIN nous salue et, tout de suite après, le drap représentant la pochette de « Hydra » est déployé devant nous, dissimulant ainsi les techniciens qui s’affairent au changement de plateau. Trente minutes plus tard, après quelques effets de lumière, le drap tombe, révélant le mot « PARIS » sur l’écran et déclenchant les acclamations tonitruantes du public. Un mini-film, très typé teaser de blockbuster, précède l’arrivée du groupe sur scène, qui démarre alors avec Let Us Burn. C’est avec ravissement qu’on entend une Sharon Den Adel très en voix qui n’a pas sans arrêt recours à sa voix de tête pour palier à un manque éventuel de puissance – une pratique dont elle a parfois tendance à user. Ici, rien à redire, la chanteuse se donne vocalement et déploie une énergie incroyable, notamment sur Dangerous, pendant laquelle elle n’hésite pas à fouetter l’air de ses manches à franges et à sauter à qui mieux-mieux !
Heureusement, le son est bien meilleur que l’était celui de DELAIN, pour ne pas dire parfait. Les effets pyrotechniques, quoique rares, sont du plus bel effet, notamment pour illustrer le premier morceau. Cela fait bien longtemps que le groupe bénéficie d’un environnement scénique riche, mais force est de constater que les deux têtes de dragon de chaque côté de l’écran, en plus des lumières proches de la perfection, offrent un spectacle survolté.
Comme toujours, Sharon ne manque pas de communiquer à plusieurs reprises avec le public ; elle se remémore les premières prestations de WITHIN TEMPTATION en France, il y a treize ans de cela, et son étonnement face aux premières demandes d’autographes. Elle n’hésite pas à dire quelques mots sur l’importance de réaliser ses rêves avant qu’il ne soit trop tard. La chanteuse intervient également avant Stand My Ground et explique que le titre évoque les problèmes actuels de tolérance et de compréhension de l’autre. Même si le français de Sharon n’est pas aussi bon que celui de Charlotte, la chanteuse lancera volontiers des « Je t’aime » et autres « Bisous » au public. Pour chaque date, elle fait crier entre deux morceaux un mot résumant bien le concert. Ici, « Paris » apparaît pour elle comme une évidence, et c’est ainsi que la foule se retrouve à crier le nom de la capitale.
On approche de la fin, et un membre du staff apporte à Sharon de quoi se désaltérer ; point de bière pour la belle, c’est un verre de vin rouge qui lui sera servie sur scène ! Après un rappel contenant une jolie version acoustique de Sinéad et un Ice Queen final toujours très sautillant, l’ambiance est telle que Sharon annonce spontanément un morceau acoustique supplémentaire, à savoir Whole World Is Watching ; Ruud (Jolie, guitares), qui ne s’y attendait pas, s’éclipse en coulisses afin de récupérer sa guitare – Sharon lance d’ailleurs avec humour : « Tu es bourré ? Ce n’est pas grave, va chercher ta guitare quand même ! ». Pour faire patienter, Sharon demande sans réfléchir au public de leur chanter quelque chose en français, et quelques spectateurs situés autour de l’allée centrale se lancent alors dans l’interprétation du « Lapinou dans la garrigue »… Un choix peu intellectuel, mais qu’importe, Sharon en est visiblement très amusée !
Suite à quoi, on aperçoit avec surprise Robert Westerholt (le créateur du groupe et guitariste qui, depuis 2011, a décidé de quitter la scène afin de se consacrer uniquement aux compositions) ; habillé de façon décontractée, il salue l’audience et nous avoue qu’il serait incohérent de terminer le concert « avec seulement deux membres » du groupe sur scène (il semblerait qu’il ait oublié le claviériste Martijn Spierenburg…). Ainsi, il annonce que l’intégralité du groupe va rester là tout en sirotant « les bonnes bières françaises » (visiblement, Robert ne sait pas de quoi il parle…!). Pendant le morceau, Sharon se tournera vers Robert, Mike (Coolens, batterie), Stefan (Helleblad, guitares) et Jeroen (Van Veen, basse), installés sur les escaliers derrière Ruud et elle-même, afin de leur faire lever les bras pendant la ballade. Et parce qu’il faut bien dire au revoir à un moment donné, WITHIN TEMPTATION nous quitte sous des acclamations soutenues après ce petit cadeau, alors que notre Sharon préférée nous gratifie d’un « Merci beaucoup ! À bientôt ! » en français.
Bien sûr, le concert tel qu’il nous a été présenté a été incroyablement intense. Mais on n’oubliera pas de noter quelques éléments qui auraient pu être améliorés, telle que le manque de communication et de présence des autres musiciens, quasi-invisibles aux côtés de la (littéralement) brillante Sharon, ou encore la setlist, certes satisfaisante (si l’on se résout à accepter l’impasse faite sur leur premier album « Enter » depuis quelques années), mais qui s’entête à inclure What Have You Done, titre largement en deçà du niveau des bombes que sont Iron, Dangerous, The Cross ou encore See Who I Am. La surprise viendra du morceau And We Run, très intense en live, et dont la présence du rappeur Xzibit sur l’écran ajoute émotion et profondeur. Une soirée mémorable, aussi riche en beauté qu’en intensité !
SETLIST
Intro : Dragon (Mini-film)
Let Us Burn
Paradise (What About Us?)
Faster
Iron
Edge of the World
In the Middle of the Night
Jillian (I’d Give My Heart)
Angels
Dangerous
And We Run
Elements Intro
See Who I Am
Stand My Ground
The Cross
Covered By Roses
Mother Earth
RAPPEL
What Have You Done
Summertime Sadness (reprise de Lana Del Rey)
Sinéad (version acoustique)
Ice Queen
RAPPEL 2
Whole World Is Watching (version acoustique)
Photos : Florian FlyingShark