Créé par un seul homme répondant au nom de Manuel Gagneux, ZEAL & ARDOR est l’un des plus bels ovnis nés ces dernières années, et il n’est pas exagéré d’affirmer que l’alliance du black metal et de la musique soul qu’ils ont l’audace de proposer est tout bonnement une petite révolution bienvenue dans le paysage metal.
Ce soir, la Cigale est pleine à craquer, et pourtant, le projet n’a que deux albums à son actif et tout juste cinq ans d’ancienneté. Qu’à cela ne tienne, le succès est déjà là, d’autant que leur passage au Hellfest cette année n’est pas passé inaperçu !
Après un set intense et habité de la part de HANGMAN’S CHAIR, ZEAL & ARDOR prend place à 21 h pétantes, sous les acclamations déjà survoltées du public bien chauffé…
Denis Wagner
On démarre sur un Sacrilegium I en fond qui pose une ambiance quelque peu à part, avec ses sonorités electro et ses chants d’Orient, avant le pesant et intense In Ashes. Tout du long, notre leader, muni de sa guitare et entouré de deux choristes masculins aux voix puissantes, nous fait face dans une atmosphère clair-obscur fumeuse.
Du reste, chaque membre sur scène possède sa propre identité scénique, malgré le port d’une tunique à capuche relevée en début de set. Personne ne se ressemble, et pourtant, cela n’en est pas moins accordé et cohérent.
Nous pouvons nous réjouir d’une setlist contenant la quasi-totalité de la discographie ainsi que trois titres inédits. Le génie des compos’ que sont Servants, You Ain’t Comin’ Back ou encore Gravedigger’s Chant prend encore plus de sens en live, et les multiples voix s’assemblent et colorent savamment les morceaux. La hargne scandante et les cris stridents de Manuel exhaussent les saveurs de Don’t You Dare, Ship On Fire ou Row Row, quand sa voix la plus mélodieuse et soul prédomine sur l’excellent Built On Ashes. Blood In The River est empreint des influences afro-américaines qui caractérisent le groupe et où les chœurs gagnent en dimension, tandis que le titre suivant Row Row donne tantôt envie de danser, tantôt de rejoindre la fosse acharnée !
Tiziano Volante
Des titres tels que les exceptionnels Come On Down et Don’t You Dare sont clairement représentatifs de la double identité de Z&A et de la façon dont le groupe parvient à mêler ses différents aspects sans aucune maladresse, alors que leur mélancolie feutrée se voit contrebalancée et amplifiée par des passages de désespoir hurlant. We Can’t Be Found clôt le set avant le rappel avec les parties les plus black metal de la disco de Z&A.
Le groupe s’adresse peu à l’audience tout au long du concert, mais Manuel n’hésite pas à s’en excuser, précisant néanmoins que « c’est la musique qui doit parler« . Et celle-ci a effectivement beaucoup de choses à dire…
Marc Obrist
Du côté du public, on constate qu’à l’image de Z&A, il est hétérogène, mais non moins uni : certains spectateurs semblent vivre de façon introspective le groove de la soul, quand d’autres expriment leur enthousiasme à coups de bousculades quand les sonorités enragées et criantes retentissent.
Entre les morceaux, l’audience multiplie les tonnerres d’applaudissements et fait trembler le sol en tapant des pieds de manière affirmée, ce qui fera sourire les membres ahuris. Nous aurons droit à un « Vous êtes super bruyants ! » de la part d’un Manuel aussi amusé que touché de cette ovation exceptionnelle.
C’est sur des acclamations similaires que ZEAL & ARDOR quitte la scène, après avoir conquis une fois de plus le sol français.
Manuel Gagneux
SETLIST
Sacrilegium I
In Ashes
Servants
Come On Down
Blood in the River
Row Row
You Ain’t Coming Back
We Never Fall (inédit)
Waste
Fire of Motion
Ship on Fire
Stranger Fruit
Cut Me (inédit)
Gravedigger’s Chant
Children’s Summon
Built on Ashes
We Can’t Be Found
RAPPEL
Sacrilegium III
Don’t You Dare
Devil Is Fine
Baphomet (inédit)
_______________
Photos : Minh Ho